FONTAINE. Fonctionnement aux colonies des ambulances créées par l'arrêté du 10 mars 1897 (suite et fin). Exécution de service. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 538-556

Identifiant

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Auteur

FONTAINE

Personne

Discipline

Médecine et hygiène coloniales

Type de données

Ressources textuelles

Langue du document

Français

Nom abrégé de la revue

Annales de médecine coloniale

Nom détaillé de la revue

Annales d'hygiène et de médecine coloniales

Editeur de la revue

Imprimerie nationale Octave Doin, place de l'Odéon, Paris

Date de parution

1898

Nombre de pages

19

Pathologie

signe clinique
désinfectant
médicament
quinine

Coordonnées géographiques

[21.82356,105.21424#Tuyên Quang]

Licence

Licence ouverte - BIU Santé (Paris)

URI fascicule

https://www.nakala.fr/nakala/data/11280/a4a63bb7

URI document

https://api.nakala.fr/data/10.34847/nkl.d35cb8lq/4dabe9fe59e2a1531a7494c28b827bee0795d3be

Cle

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Fichier Texte

538 FONCTIONNEMENT AUX COLONIES DES AMBULANCES. FONCTIONNEMENT AUX COLONIES DES AMBULANCES CRÉÉES PAR L’ARRÊTÉ DU 1 0 MARS 1897 . (Suite et fin (1). EXÉCUTION DU SERVICE. Les règlements en vigueur clans les hôpitaux s’appliquent entièrement, pour cette partie du service, aux ambulances; aussi m’a-t-il paru utile de les indiquer. Entrées. — Les entrées peuvent se subdiviser en catégories différentes, d’après les provenances des malades, d’après le mode de payement des journées d’hôpital. Les premières comprennent les entrées par billet et les entrées par évacuation; les secondes, les entrées à la charge du budget colonial, les entrées à charge de remboursement par les administrations ou les municipalités, les entrées par payement direct. Les entrées par billet s’appliquent aux malades provenant directement du corps, d’une infirmerie régimentaire ou d’une infirmerie de garnison; les entrées par évacuation, aux malades évacués d’une autre formation hospitalière (hôpital, ambulance). Dans les entrées à la charge du budget colonial, doivent figurer celles des militaires de tous grades, des agents et employés des services coloniaux; dans les entrées à charge de remboursement, celles des fonctionnaires et agents des services locaux, de leurs familles, des indigents; dans les entrées par W Voir A n n a le s d 'I ty / p èn e et de m édecine co lo n ia le s , avril-mai-juin 1 8 9 8 , p. 377 et suiv. FONCTIONNEMENT AUX COLONIES DES AMBULANCES. 539 payement direct, celles des colons solvables, de leurs femmes et de leurs enfants. Pour ces dernières seulement, le médecin-chef tient une comptabilité à part. Il se fait verser la provision d’usage et déduit, à la fin du mois, l’argent perçu, sur son «État des malades traités ». Il ne conserve, pour son établissement, que l’allocation réglementaire, en inscrivant ces malades sur cet état, à la catégorie des malades traités, comme s’il s’agissait d’un militaire. Le tarif à leur appliquer est celui fixé pour les hôpitaux par l’arrêté local annuel. La journée d’entrée est payée à l’ambulance. Les entrées sont inscrites, au fur et à mesure qu’elles se produisent, sur le «Carnet médical», qui sert de *Registre des entrées et des sorties». Un extrait mensuel comprenant les existants au premier du mois et les entrants est adressé à la direction du Service de santé, où il est conservé. Tout malade entrant doit être muni d’un billet d’hôpital signé par le chef de corps ou de service. — Dans le cas d’urgence, le médecin reçoit le malade et fait régulariser lui-même sa situation. Les militaires doivent être accompagnés de leur livret. Lorsque les locaux sont suffisants pour l’installation d’un vestiaire, il sera tenu un «Registre des effets des malades». Dans le cas contraire, les effets des militaires seront conservés à la place. 1 en sera de même des armes. Les médecins-chefs des ambulances ne reçoivent en dépôt ni les valeurs ni les bijoux. Tout entrant doit, si son état le permet, être dirigé sur les bains avant son envoi dans les salles. La classification des malades et leur répartition dans les services se fait conformément aux règles adoptées pour les hôpitaux. Sorties. — Les sorties s’effectuent par guérison, par évacuation, par évasion, par décès. 540 FONCTIONNEMENT AUX COLONIES DES AMBULANCES. Sorties par guérison. — Les malades guéris soûl déclarés sortants, la veille, à la visite du matin. Ils continuent à compter à l’ambulance pendant cette dernière journée et le billet de sortie doit être daté du lendemain. Ils sortent après le premier déjeuner. Un sous-officier, désigné à cet effet par le commandant d’armes, auquel on a signalé le nom des sortants, à l’aide de la «Situation journalière des malades », vient chercher les militaires. — Le billet d’hôpital sur lequel le médecin traitant a porté les indications qu’il a cru utiles, le livret et le sac des effets lui sont remis. Sorties par évacuation. — Lorsque le médecin-chef se trouve dans l’obligation de diriger un ou plusieurs malades sur la formation hospitalière voisine, il doit demander au chef du service de santé l’autorisation d’opérer ce mouvement, en indiquant le chiffre des malades à évacuer, le nombre de lits vacants. Cette autorisation reçue, il prévient le commandant d’armes et le service administratif de la date de cette évacuation et leur fournit la liste nominative de ces malades. C’est >à ces services qu’incombe le soin d’établir les réquisitions de passage nécessaires. Il informe, en même temps, par télégramme, la formation hospitalière destinataire. L’ambulance de départ doit fournir aux malades la nourriture nécessaire pour toute la durée du trajet; ces derniers comptent à cette formation jusqu’à leur arrivée dans un autre établissement hospitalier. Les denrées alimentaires sont confiées, à cet effet, à l’infirmier convoyeur et, à son défaut, au plus gradé des malades. Les papiers d’évacuation, comprenant les billets d’hôpital, les livrets et une « liste des malades évacués », établie en double expédition, lui sont aussi remis. Une de ces listes fera retour à l’ambulance de départ, après avoir été contresignée par le médecin qui a reçu les malades, FONCTIONNEMENT AUX COLONIES DES AMBULANCES. 541 avec l’indication de la date d’arrivée de ces derniers. Cette date est celle de la sortie de l’ambulance en amont. Cette indication sert à l’établissement du décompté des journées. Sorties par évasion. — Dès que le médecin-chef s’aperçoit qu’un malade militaire s’est évadé, il en informe le commandant d’armes, qui reste chargé des démarches diverses auprès des autorités compétentes. Sorties par décès. — À chaque décès, le médecin-chef prévient par télégramme, si possible, le chef du Service de santé quand il s’agit d’un officier ou assimilé, d’un militaire européen, et lui fournit les renseignements ci-après : nom, prénoms, numéro matricule, corps ou service, nationalité, date et cause du décès. Les mêmes données sont reproduites au verso du «Rapport journalier». Il adresse, en même temps, au commandant d’armes ou au chef de service, ou à son représentant sur place, selon qu’il s’agit d’un militaire ou d’un civil, un «Avis de décès», qu’il complète par l’indication de l’heure et de la date de l’inhumation. Il établit, ensuite, pour l’officier de l’état civil, une «Déclaration de décès» conforme au modèle réglementaire ; s’il n’existe pas d’officier d’État civil, le médecin-chef remplit lui-même ces fonctions et dresse l’acte de décès en double expédition. Cet acte est adressé au médecin-chef de l’hôpital de rattachement. Dans certains cas, il est autorisé à recevoir les testaments des malades ou blessés. (Voir le modèle à la fin de ce mémoire.) En dehors de ces formalités, il fait recueillir tous les objets et effets du décédé, remet au corps les effets et les billets d’hôpital et adresse les bijoux ou valeurs au médecin-chef de l’hôpital de rattachement. Le corps est porté dans la salle mortuaire, où il est procédé dans la journée à l’autopsie. (Cette formalité est réglementaire pour tous les décédés militaires et employés de l’État.) Les 542 FONCTIONNEMENT AUX COLONIES DES AMBULANCES. résultats de cette opération sont inscrits sur un registre spécial, dit «Registre d’autopsie». Le cadavre, enveloppé dans un suaire est déposé dans un cercueil. Suaire et cercueil sont à la charge de l’ambulance. Les autres frais d’inhumation, transport au cimetière, creusement de la fosse, etc., incombent, suivant la décision locale, à tel ou tel budget ou service. La journée du décès compte à l’ambulance. La date de la sortie, de quelque nature qu'elle soit, doit être inscrite sur le tt Carnet médical » avec, dans la colonne «observations», quelques indications sur l’état du malade. NOURRITURE DES MALADES ET DES RAT10NNAIRES. Comme nous l’avons indiqué plus haut, le médecin-chef nourrit ses malades et ses ralionnaires à l’aide de la ration des subsistances qui lui est délivrée pour les malades européens seuls et de l’allocation journalière. Pour les malades indigènes il ne perçoit pas de rations. Seuls, les infirmiers européens et les infirmiers indigènes de garde ont droit à la nourriture. Les religieuses pourvoient elles-mêmes à leur subsistance à l’aide d’un supplément journalier fixé par décision locale. Il n’existe dans ces établissements ni prévôt, ni aumônier. Le mode d’alimentation adopté est le régime de l’ordinaire en usage dans les corps de troupe et les infirmeries régimentaires, dont l’application a donné, au point de vue du bien-être des hommes, de si brillants résultats. C’est dire que son emploi n’a pas eu pour but de diminuer en rien la quantité ni la qualité des aliments distribués. Tout au contraire, en laissant à chaque directeur de ces établissements le soin de se pourvoir de toutes les ressources qu’il peut trouver sur place ou se procurer dans la colonie, on a estimé que le régime serait plus varié et souvent plus abondant que dans les grands hôpitaux. Aussi chaque médecin s’ingénie-t-il, et toujours avec succès, à procurer à ses malades l’alimentation la plus abondante. FONCTIONNEMENT AUX COLONIES DES AMBULANCES. 543 Les jardins potagers qui entourent presque toujours ces établissements contribuent puissamment à obtenir ce résultat. Un poulailler rend les plus grands services. Art. 44. «Dans les ambulances, la ration allouée aux malades européens et aux rationnaires en santé est celle des subsistances11'. Il n’est pas perçu de vivres pour les malades indigènes. » « Ces perceptions constituent des cessions du service des subsistances à celui des hôpitaux. Elles sont remboursables par ce dernier service à la diligence du chef du service administratif. » « Les aliments légers et particuliers sont achetés sur les fonds du boni......... » « En outre des rations réglementaires, les médecins-chefs des ambulances sont autorisés à percevoir, à titre de cessions remboursables, sur les fonds de l’ordinaire, les vivres et les denrées entrant dans la composition de la ration, » Ces délivrances sont faites sur bons journaliers. Ces bons portent comme indication particulière, le chiffre des malades et des rationnaires. Alin d’éviter les confusions, il sera nécessaire d’établir un bon différent pour les délivrances supplémentaires. A la lin du mois, le gestionnaire dresse un état récapitulatif des bons pour rations réglementaires et le transmet au chef du service administratif, après l’avoir fait contresigner par le médecin de l’ambulance. Il présente les bons supplémentaires à la caisse de ce dernier et lui remet un reçu de la somme ainsi versée. Tous les matins, le médecin examinera la viande, le pain, Les médecins-chefs ne sont pas obligés de prendre chaque jour un nombre de râlions égal au nombre des malades, certains d’entre eux ayant un régime particulier. Us peuvent et ne doivent, par suite, demander que le nombre de rations entières qu’ils jugent nécessaires et, dans tes articles qui la composent, tes quantités indispensables. Le budget H ô p i ta u x bénéficie de ces moins-perçus. 544 FONCTIONNEMENT AUX COLONIES DES AMBULANCES. le vin, les vivres achetés par l’ordinaire. De temps à autre, il assistera à la distribution des aliments et les goûtera pour se rendre compte de leur préparation. Il s’évitera ainsi des réclamations plus ou moins fondées de la part des malades. En l’absence de religieuses chargées de ce détail, il se fera rendre compte, tous les soirs, par son cuisinier, de la dépense de la journée et l’inscrira sur son «Registre d’alimentation». Il dressera le menu du lendemain et lui remettra les avances nécessaires pour les menus achats. Autant que possible, un régime alimentaire plus abondant sera délivré aux sous-officiers. En régime particulier sera prévu pour les officiers. Les malades devront, toutes les fois que cela sera possible, prendre leur repas en dehors des salles, soit sous les vérandas, soit, ce serait l’idéal, dans un réfectoire. Dans le premier cas, on choisira une partie de la véranda non exposée au soleil à l’heure des repas et on installera des stores qui isoleront suffisamment les hommes et les préserveront des effets de la réverbération. Propreté individuelle des malades. — La propreté personnelle des malades sera l’objet d’une attention particulière. Des moyens d’ablution seront mis à leur disposition et, autant que possible, placés dans des locaux spéciaux. Une salle de bains et de douches est indispensable dans les pays chauds. Rechange du linge. — Les effets à l’usage des malades devront être lavés et changés assez souvent. Les indications suivantes puisées dans le service intérieur des hôpitaux de la guerre, pourraient être adoptées : «Les draps de lit seront changés tous les dix jours.» «Les mauresques et les flanelles seront changés tous les huit jours. » «Les chemises seront changées tous les cinq jours.» Un coffre à linge sale sera installé dans un local spécial. Désinfection des locaux et propreté. — Toutes les fois que le FONCTIONNEMENT AUX COLONIES DES AMBULANCES. 545 chiffre des existants le permettra et au moins une fois par an, les salles des malades seront désinfectées à l’acide sulfureux et reblanchies. Le blanchiment, fréquemment [renouvelé, des murs intérieurs est le meilleur mode d’assainissement des habitations collectives; il peut être obtenu très économiquement à l’aide du personnel auxiliaire et sans avoir recours à l’artillerie. À chaque cas de maladie contagieuse, la désinfection médicale des locaux et des effets s’impose. Vidanges. — Le service des vidanges doit être assuré par l’artillerie et, à son défaut, par l’ambulance, à l’aide des gens de service. L’infirmier-chef devra veiller à ce que les latrines soient désinfectées plusieurs fois par jour et tenues dans un état de propreté irréprochable. Culture des jardins potagers et autres. — Le jardin doit être l’objet d’une attention toute spéciale. Un des infirmiers sera chargé de diriger cette culture, qui s’effectuera par l’intermédiaire des coolies ou journaliers. Les frais divers de culture, de graines potagères, d’ustensiles de jardinage doivent être supportés par le boni. Discipline et surveillance des salles. — Elle est confiée, en général, à l’infirmier-chef, qui pourra remplir les fonctions de concierge, si on le juge nécessaire. Le médecin est autorisé à demander à la place un planton pour la porte ; celui-ci aidera au maintien de la discipline des salles. Dans le cas où un infirmier marié serait attaché à l’établissement, sa femme pourra être autorisée à remplir les fonctions de portier, moyennant une allocation particulière payée par le budget des hôpitaux. Punition des malades militaires. — Le droit de punition des médecins des colonies a été réglé par le Ministre de la marine, a s n . d ’h ï g . c o l o n . — Octobre-nov.-déc. 1 8 9 8 . I — 36 546 FONCTIONNEMENT AUX COLONIES DES AMBULANCES. par lettre en date du i5 janvier 1895, insérée au Bulletin officiel des colonies, p. 45 1. « D’autre part, en ce qui concerne le droit de punition des officiers du corps de santé colonial à l’égard des militaires en traitement dans les formations sanitaires, j ’estime que cette question doit être également résolue conformément aux dispositions en vigueur au Département de la guerre et qu’il y a lieu de faire application de l’article a 5 i du décret du 25 novembre 1889, portant règlement sur le Service de santé de l’armée, et de l’article 3o2 du décret du 20 octobre 1892 , portant règlement sur le service des places. « II résulte des articles précités que les médecins des hôpitaux ont, vis-à-vis des hommes de troupes traités dans leur service, le droit de punition attribué aux officiers de troupe du grade correspondant à celui dont ils sont pourvus et qu’ils doivent adresser leur plainte au commandant d’armes, par la voie hiérarchique, pour demander une punition contre un officier d’un autre corps, d’un grade inférieur à celui auquel ils sont assimilés, » ARTICLE 251 DU DECRET DU 2 5 NOVEMBRE 1889 . «Punitions à .infliger aux malades. ?— Les hommes de troupe en traitement à l’hôpital peuvent être, si leur santé le permet, mis à la salle des consignés par le médecin-chef ou, en cas d’urgence, par le médecin traitant. En cas de rébellion ou de scandale, ils peuvent, sur l’ordre du médecin ou de l’officier d’administration de garde, y être conduits immédiatement. Il en est rendu compte au médecin-chef. «Les punitions autres que la consigne sont subies à leur corps par les hommes de Troupe; elles sont notifiées par le médecin-chef au commandant d’armes, qui les transmet au chef de corps. « Le médecin-chef remet au commandant d’armes les de­ mandes de punitions que les officiers en traitement peuvent avoir encourues. » F O N C T I O N N E M E N T AUX CO L O N I ES D E S A M BULANCES. 547ORGANISATION DU SERVICE. Tels sont les rouages, telles sont les règles qui présideront à l’organisation d’une ambulance; il appartient au médecin de les utiliser au mieux de l’intérêt des malades. Qu’il me soit permis de prendre pour exemple, pour mieux fixer les idées sur certains points de détail, le fonctionnement de l’infirmerie-ambulance de Tuyen-Quang, que j ’ai dirigée pendant toute une année. Toutefois, loin de moi la pensée de vouloir imposer ma manière de faire. Ce récit servira simplement d’indication à un débutant. L’ambulance de Tuyen-Quang hospitalise une moyenne journalière de 70 à 80 malades(Z10 à 5 Européens, 3o à 35 indigènes). Jusqu’en 1895, un seul médecin était chargé de sa direction. Il devait, en outre, deux mois sur trois, assurer le service de la garnison, forte d’environ 3oo hommes. Cette ambulance était formée, à cette date, de deux pavillons à étage, reliés par une galerie où étaient installés les Européens, d’une vieille pagode destinée aux indigènes et d’une salle mortuaire avec chambre de désinfection. Les deux pavillons comprenaient chacun, à l’étage, une grande salle de là lits et deux cabinets de h lits, soit en tout deux salles de malade et quatre cabinets. L’un de ces derniers servait aux officiers, deux autres recevaient les sous-officiers, le troisième permettait d’isoler les contagieux et les malades graves. Au rez-de-chaussée, une chambre de k lits avait été installée à côté de la pharmacie; elle était destinée au traitement des dysentériques rebelles ou à rechutes constantes. On pouvait ainsi surveiller ces malades sans difficulté et empêcher les imprudences fréquentes et voulues, causes sinon de la mort, du moins d’une prolongation indéfinie de la maladie. Le rez-de-chaussée était divisé en une série de salles destinés aux usages suivants : lavabo, salle de bains, dépenses, logement des infirmiers, magasin pour le matériel, cabinet du 3 6 . 54 8 F O N C T I O N N E M E N T AUX C O L O N I E S D E S A M B ULA N CES. médecin-chef, contenant les instruments de chirurgie, l’appareil à pansements, une salle d’opérations et la caisse, bureau des entrées avec de vastes placards où était renfermée toute la lingerie, servant aussi de vestiaire et de pharmacie. Comme dépendances : une cuisine, une tisanerie et une buanderie, le tout en paillottes; un poulailler. La pagode formait deux salles pour malades indigènes et un réfectoire. Les deux bâtiments (Européens et indigènes) étaient séparés par un immense jardin potager. Un médecin, trois infirmiers européens, dont un infirmier- major de 2e classe, six infirmiers indigènes, quatorze coolies, représentaient tout le personnel. L’infirmier-major était chargé de la surveillance générale, de la pharmacie, de la préparation et de la distribution des médicaments et des tisanes, de la distribution des aliments, de la lingerie, de l’envoi des médicaments et objets de pansement dans les postes militaires. Un des infirmiers ordinaires assurait le service de la dépense, de la cuisine, des achats journaliers; il surveillait et dirigeait les gens de service et aidait à la distribution des aliments. Le troisième tenait les écritures (carnet médical, cahiers de visite, feuilles de clinique), aidait à la distribution des aliments et des médicaments. C’est à lui qu’incombait le service de l’amphithéâtre, des désinfections, du transport des malades de l’ambulance au bateau et réciproquement. Chacun d’eux montait la garde à son tour. Les infirmiers indigènes chargés des pansements, de la propreté et du service des salles étaient ainsi répartis : un aux officiers et sous-officiers, un dans chaque salle de malades, un à la pharmacie, deux aux indigènes. Us assuraient un service de garde de jour et de nuit. Les coolies, au nombre de quatorze, comprenaient un cuisinier et un aide de cuisine, deux blanchisseurs, un tailleur, un menuisier, un tisanier chargé en même temps des bains. Les sept autres étaient employés à l’entretien des locaux, à la F O N C T I O N N E M E N T AUX C O L O N I E S D E S A M B ULA N C ES . 549 propreté, aux jardins, aux cours, aux vidanges, au transport des malades, aux diverses corvées extérieures. Le personnel ainsi distribué, le service fonctionnait de la manière suivante : Lever à 6 heures; appel des coolies et des infirmiers indigènes par l’infirmier-chef; nettoyage des salles et des vérandas; premier déjeuner à 7 heures; visite à 7 heures et demie; distribution des médicaments à 10 heures; déjeuner à 10 heures et demie; contre-visite à 3 heures et demie; dîner à 5 heures et demie. Dès mon arrivée, l'infirmier-chef me rendait compte des incidents de la nuit, des résultats de l’appel du malin ;j’examinais les vivres à la cuisine et la visite commençait. J’examinais d’abord tous les malades, dictais les prescriptions et renvoyais les infirmiers européens chacun à leur travail, pharmacie, dépenses, écritures. Avec l’aide des infirmiers indigènes je pansais les blessés. Quand les pansements étaient trop nombreux et très longs, comme dans le cas de blessures de guerre (l’ambulance a hospitalisé, à la fois, jusqu’à 90 malades de cette catégorie), je les réservais pour le soir. Pendant la visite, afin de faciliter le service de la pharmacie, certains médicaments étaient distribués au fur et à mesure de leur prescription (iodures, pilules mercurielles, sulfate de quinine, à moins d’indication spéciale pour l’heure de leur administration). Les pansements terminés, je me rendais à mon bureau où je signais et expédiais la tt Situation journalière du commandant d’armes ». Sur le verso de cette pièce figuraient les noms des entrants, des sortants, des décédés, des évacués. Je surveillais ensuite la confection des potions et préparais moi-même les solutions toxiques. À 10 heures 1/2 j ’assistais quelquefois au repas des malades. L’après-midi, en dehors des pansements longs et délicats que j’avais gardés pour cette heure, je mettais à jour les écritures, les observations des malades, la comptabilité, le «Rapport journaliers. 5 5 0 FO N C T I O N N E M E N T AUX CO L O N I ES D ES AM B ULANCES Entre temps, je passais la contre-visite; à l’heure réglementaire, j’établissais les bons des subsistances, me faisais rendre compte par le cuisinier de ses dépenses, par l’infirmier des divers achats et distribuais les avances. Vers 5 heures et demie, je surveillais le jardinage. Le soir, avant de me coucher, une ronde, à une heure indéterminée, me permettait devoir les malades graves et de m’assurer que la garde était faite régulièrement. Plusieurs rondes de nuit étaient effectuées par l’infirmier européen de service. C’est ainsi que, pendant une année, le service a fonctionné, sans à-coups et, je puis ajouter, à la grande satisfaction des malades et de tous les chefs. En plus, deux mois sur trois, la visite médicale de la garnison m’incombait. D’entente avec le commandement, les malades étaient conduits à 7 heures à l’ambulance, où je les examinais. Je pouvais ainsi, dès le malin, prescrire pour les entrants de la journée et le régime et les médicaments utiles. TENUE DES ÉCRITURES. Les écritures ont été réduites au strict nécessaire, mais, malgré cette simplification, les états à fournir, les registres à tenir, la correspondance avec les divers services nécessitent pour le seul médecin un minimum de deux à trois heures de travail par jour. Encore est-il nécessaire qu’il soit bien secondé par un infirmier et qu’il n’ait qu’à vérifier les diverses situations qui lui sont demandées. La liste suivante et les détails qui y sont portés sont la reproduction presque intégrale de l’Annexe au règlement du 10 mars 1897. J’ai toutefois pensé que, mise à la fin de ces notes, elle serait d’une grande utilité. J’adopterai pour classer ces pièces la division suivante : i° Comptabilité; a° Service des salles, des malades et des entrées; 3° Commandant d’armes; k° Chef du service de santé; 5° Pièces diverses. Le médecin-chef devra, en outre, tenir un registre de correspondances et un registre-contrôle pour le personnel. F O N C T I O N N E M E N T AUX C O L O N I E S D E S AM BULANCES. 551 1 ° COMPTABILITÉ. La comptabilité des ambulances comprend(*) INDICATION DES PIÈCES. D E S T IN A T I O N ET O B JE T .Etat nominatif des malades traités pendant la période^ du........ au........................ Trois expéditions : i° une pour le payeur qui fait l’avance; a0 les deux autres pour le médecin-chef de l’hôpital de rattachement qui, après contrôle, les adresse au chef des services administratifs. Les malades qui payent directement le montant de leurs journées d’hospitalisation devront figurer sur cet étal à la suite des autres. Le nombre des journées et les sommes à percevoir par l’ambulance seront inscrits dans les colonnes indiquées pour le taux de la journée d’ambulance. Dans la colonne (versements directs) seront inscrites les sommes dues et payées au taux de la journée d’hôpital. Elles seront déduites du décompte total. Registre-journal des recettes et des dépenses...................... Registre annuel; s’arrête tous les premiers du mois et à chaque mutation de médecin. Tous les trois mois, un extrait Wdu trimestre doit être adressé au chef du service de santé en mettant à l’appui les duplicata des factures; les primata doivent rester à l’ambulance, à l’appui de la comptabilité. Registre d’alimentalion.......... A adresser tous les trois mois au chef du service de sauté qui, après vérification, le renvoie à l’ambulance pour être mis à l’appui de la comptabilité. Carnet-inventaire : 1° du matériel; 2° des instruments de chirurgie et des ouvrages de la bibliothèque.................. Registre annuel. Tous les six mois, adresser au chef du service de santé un extrait comprenant l’existant et les différents mouvements qui se sont produits pendant cette période. (*) Ces extraits, comme toutes les pièces analogues adressées au chef du service de santé, sont établis sur les mêmes imprimés que les carnets ou les registres. 5 5 2 F O N C T I O N N E M E N T AUX C O L O N I E S D ES A M BULANCES.INDICATION DES PIÈCES. D E S T IN A T I O N E T O B JE T. Carnet de pharmacie............Registre annuel. L’existant au 1" janvier est établi d’après recensement ; les entrées sont inscrites à la date de la réception; les sorties sont inscrites trimestriellement aux sorties. Pour chaque médicament, deuxcolonnes; la première comprenant les médicaments, objets de pansement, etc., dépensés par l’établissement ; la seconde, les articles délivrés au dehors. Toutes ces dépenses sont totalisées le i cr janvier et le i" juillet : ces totaux permettent d’établir l’existant pour la demande semestrielle.' Pour servir au contrôle des salaires payés i sur le boni aux coolies ou autres em Casernet des journaliers et gens 1 ployés. de service.......................... < 1 sera joint trimestriellement, au du- j plicata des factures, un duplicata du 1 bordereau de payement de ce personnel. 1 2 ° SERVICE DES SALLES, DES MALADES ET DES ENTREES.INDICATION DES PIÈCES. D E S T IN A T I O N ET O B JE T . Carnet médical......................Un pour toute l’année; sert de registre des entrées et des sorlies. Tous les mois, il doit être adressé, au chef du service de sanlé, un extrait comprenant les restants au premier jour du mois et les exislanls du mois. (Ne pas oublier de remplir, à la première page, les indications relatives ! au boni.)Registre des effets des malades. À tenir quand il existe un vestiaire. FONCTIONNEMENT AUX COLONIES DES AMBULANCES. 553INDICATION DES PIÈCES. D E S T IN A T I O N ET O B JE T. Caliier de visite.................... Pour les inscriptions journalières des rc- , ginies ou prescriptions diverses. Ces cahiers doivent être conservés pour servir à la justification des consommations en médicaments et autres. Feuilles de clinique.............. Pour chaque malade, il est indispensable de faire une observation résumée des principaux symptômes constatés. 1 t, . . i ,, , .. j ( Registre à souche d’où sont détachées Registre des declarations de\ ÿ i . , , j , „ w . , < les declarations a adresser a 1ollicier (leceS.................................| de l’état civil. I1 nemstre d autopsie................ J( L’autopsie est obligatoire pour tous les ° 1 ( ..At•ires, lonclionn.ir1 , t agents. mili a a es e Certificat de cause de décès. . Doit être établi après chaque dècès d’Européen et adressé au chef du service de santé. Inventaire des objets, bi-l joux, etc., appartenant aux décédés et trouvés sur eux. | Aétablir après chaque décès et à adresser, avec tous les objets, au médecin chef de l’hôpital de rattachement. Est fait par l’infirmier-chef en présence de deux témoins et visé par le médecin. 3" COMMANDANT D’ARMES.INDICATION DES PIÈCES. D E S T I N A T I O N E T O B JE T . Situation journalière............ Indiquer au verso les noms, prénoms, etc. des militaires entrants, sortants, évacués, décédés, ceux des ofliciers en traitement. Pour ces derniers, ne pas mettre le diagnostic, sauf en cas de décès. 5 5 4 F O N C T I O N N E M E N T AUX C O L O N I E S D E S A M B U L A N C E S . k ° CHEF DU SERVICE DE SANTÉ.INDICATION DES PIÈCES. DESTINATION ET OBJET. Pièces journalières et éventuelles ...............................Pièces mensuelles.................. Pièces trimestrielles............... _ Pièces semestrielles................ Rapport journalier. Avis télégraphique de décès. Silualion des malades atteints d’affections conlagieuses. Résumé télégraphique du mouvement de ces malades. Demandes d’évacuation. . Rapports et statistique mensuels. Observations météorologiques. Extrait du carnet médical. État mensuel des mutations. .. Extrait du registre-journal des recettes et des dépenses avec à l’appui les duplicata des factures. Extrait du carnet du matériel avec à l’appui les procès-verbaux do condamnation. Extrait du carnet de pharmacie. Demandes de médicaments, d’instru­ ments, de matériel, d’imprimés. Notes semestrielles : 1° infirmiers euro­ péens; a“inlirmiersindigènes; 3°notes individuelles pour les officiers. Rapport et statistique annuels.5° PIÈCES DIVERSES. INDICATION DES PIECES. DESTINATION ET OBJET.Feuilles d’évacuation.............. Doit être établie en double pour tout malade évacué en groupe ouisolément. Pour les convalescents rapatriés à bord des courriers, des affrétés, des bateaux libres, la feuille d’évacuation doit être dressée et remise au médecin du bord. F O N C T I O N N E M E N T AUX C O L O N I E S D E S AMBULANCES. 555INDICATION DES PIÈCES. D E S T IN A T I O N ET O B JE T . Avis de mutations et état des mutations survenues dans le personnel, pour servir au payement de la solde........ À établir : 1° à chaque mutation du personnel officier; 3° tous les 25 du mois pour tout le personnel payé par le bureau des revues. Deux expéditions par mois : une pour les revues, l’autre au chef du service de santé. MODÈLE DE TESTAMENT AUTHENTIQUE DRESSE AUX ARMEES. L’an mil (indiquer l’année en tonies lettres), le (data et mois en toutes lettres), à (indiquer l’heure et la minute en toutes lettres) du matin [ou du soir], élonth (indiquer lelieu). Devant (prénoms, nom, grade cl corps de l’officier instrumentaire), et en présence de (prénoms, nom, grade et corps ou profession, domicile de chacun des deux témoins), tous deux témoins requis, lesquels ont déclaré être majeurs, français, jouissant de leurs droits civils, et n’êlre ni parents ni alliés du testateur, ni des légataires ci-après nommés, ni parents ni alliés entre eux, [ou devant] (prénoms, nom, grade), médecin-chef de (indiquer l’hôpital, etc.), assisté de (prénoms, nom, grade de l’officier d’administration gestionnaire). A comparu (prénoms, nom, grade et corps ou profession, domicile du testateur), lequel, étant [dans son lit, ou dans un fauteuil, etc.] et ayant paru à l’officier instrumentaire ainsi qu’aux personnes susnommées sain d’esprit quoique malade de corps [ou blessé, ou sain d’esprit et de corps], a dicté son testament ainsi qu’il suit à M. (grade et nom de l’officier instrumentaire) en présence des deux témoins susnommés : Je donne et lègue, etc. (dispositions testamentaires.) Sur interpellation, le testateur a désigné maître (nom et adresse du notaire), chez qui il désire que ce testament soit déposé [ou le testateur a déclaré qu’il ne voulait désigner aucun notaire, pour le dépôt de ce testament]. Le présent testament a été dicté par le testateur audit (grade et nom de l’officier instrumentaire), qui l’a écrit en entier de sa main tel qu’il lui a été dicté, le tout en présence des témoins. M. (nom et grade de l’officier instrumentaire) a ensuite donné lecture au testateur de l’article neuf cent quatre-vingt-quatre du Code civil ainsi que du présent testament, et le testateur a déclaré le bien entendre et y persévérer comme renfermant ses dernières volontés [si le testateur signe, ajouter: il l’a en conséquence revêtu de sa signature], le tout, en 556 FONCTIONNEMENT AUX COLONIES DES AMBULANCES. présence de MM. (énumérer le ou les officiers instrumentaires et les témoins, s’il y en a), lesquels ont signé, [ou si le testateur ne peut signer, lesquels ont signé. Quant au testateur, il a déclaré à l’officier instrumentaire, en présence de MM. (noms du second officier et des témoins') ne savoir signer ou ne pouvoir signer, en raison de (énoncer clairement les causes de l’empêchement) [ou, si l’un des témoins ne peut signer : M. (nom du témoin qui signe') a signé avec MM. (noms des officiers instrumentaires) Quant à M. (nom du témoin qui ne signe pas) il a déclaré ne savoir signer ou ne pouvoir signer à raison de (énoncer clairement les causes de l’empêchement)]. Fait en double original [ou en un seul original, en raison de l’état de santé du testataire qui (indiquer les causes qui ont empêché d’établir le deuxième original.)]Loi du 8 juin 1893. (Signatures.) Art. 982. Les testaments des militaires, des marins de l’État et des personnes employées à la suite des armées pourront être reçus, dans les cas et conditions prévues à l’article g3, si le testateur est malade ou blessé, dans les hôpitaux ou formations sanitaires militaires, parle médecin-chef, assisté de l’officier d’administration gestionnaire. A défaut de cet officier d’administration, la présence de deux témoins sera nécessaire. Art. 98A. Le testament fait dans la forme ci-dessus établie sera nul six mois après que le testateur sera venu dans un lieu où il aura la liberté d’employer les formes ordinaires, à moins que, avant l’expiration de ce délai, il n’ait été de nouveau placé dans une des situations spéciales prévues à l’article 93. Le testament sera alors valable pendant la durée de celte situation spéciale et pendant un nouveau délai de six mois après son expiration. Nota. Les deux originaux, ou l’original et l’expédition du testament (cette expédition est laite et signée par les témoins et par les officiers instrumentaires lorsque l’état de santé du testataire empêche d’établir le second original) seront adressés séparément et par courriers différents, sous plis clos et cacheté, au Ministre de la guerre ou de la marine. F o n t a i n e (1). 0) Ce travail nous avait été remis par notre regretté camarade quelques jours avant sa mort. ( L a D ir e c t io n .)

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FONTAINE, “FONTAINE. Fonctionnement aux colonies des ambulances créées par l'arrêté du 10 mars 1897 (suite et fin). Exécution de service. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 538-556,” RevColEurop, consulté le 28 avril 2024, https://revcoleurop.cnrs.fr/ark%3A/67375/2CJ1sC2BnrgN.

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