MÉTIN. Journaux étrangers. Sur la fièvre bilieuse hémoglobinurique. Par le docteur Westerna Sambon. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 557-562

Identifiant

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Auteur

MÉTIN

Personne

Discipline

Médecine et hygiène coloniales

Type de données

Ressources textuelles

Langue du document

Français

Nom abrégé de la revue

Annales de médecine coloniale

Nom détaillé de la revue

Annales d'hygiène et de médecine coloniales

Editeur de la revue

Imprimerie nationale Octave Doin, place de l'Odéon, Paris

Date de parution

1898

Nombre de pages

6

Pathologie

fièvre
paludisme
quinine
hémoglobinurie
signe fonctionnel
empoisonnement
hyperleucocytose
hématurie
congestion
diarrhée
fièvre bilieuse hémoglobinurique
hyperémie
médicament
néphrite
névralgie
phlyctène
phénol
vomissement

Coordonnées géographiques

[-20,47#Madagascar]
[22,-79.5#Cuba]

Licence

Licence ouverte - BIU Santé (Paris)

URI fascicule

https://www.nakala.fr/nakala/data/11280/a4a63bb7

URI document

https://api.nakala.fr/data/10.34847/nkl.d35cb8lq/ef855e79e58dd382f63cd83cb70884b9544b0e2f

Cle

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557 JOURNAUX ÉTRANGERS.Sur la fièvre bilieuse hémoglobinurique, par le docteur Westerna Sambon. (Traduction du docteur Métin, médecin de 1er classe des colonies.) Dans le 66' congrès annuel de l’association médicale anglaise tenu à Edimbourg du 26 au 29 juillet dernier, M. Westerna Sambon de Naples a fait une intéressante communication sur la fièvre bilieuse hémoglobinuricpie, publiée dans le n° 1979 du British medicaljournal du 9.b septembre, et qu’on peut résumer ainsi. Parmi les différents noms donnés à la fièvre bilieuse hémoglobitiurique, Sambon choisit celui de la fièvre mélanurique (Blackwater fever), parce qu’il n’implique pas d’idée préconçue au sujet de la pathogénie de la maladie, et parce qu’il indique d’une façon très simple et très claire le principal symptôme de la maladie, c’est-à-dire la présence du pigment noir dans l’urine. L’auteur distingue la fièvre mélanurique des diverses affections où l’urine peut renfermer du sang : hémoglobinurie paroxistique, hématurie traumatique, hématurie due à diverses intoxications (chlorate de potasse, acide phénique, etc.). D’après les idées généralement reçues, la fièvre mélanurique serait ou bien un paroxysme particulièrement grave de la malaria, ou bien un empoisonnement par la quinine chez des paludéens. Ces deux conceptions paraissent à l’auteur également erronnées et c’est ce qu’il a l’intention de montrer dans sa communication. L’auteur rappelle tout d’abord la distribution géographique de la fièvre mélanurique : en Afrique (Côte ouest, Zambèze, lac Nyassa, Madagascar); en Amérique (Floride, Géorgie, rives du Mississipi, Vé- nézuela, Cuba); en Asie (Cocliinchine, Assam); en Europe (Sicile, Sardaigne, campagne romaine, Archipel grec); puis il montre que la fièvre mélanurique est surtout une maladie endémique, sévissant à la fin de l’été ou en automne, principalement après la saison des pluies, et qu’elle peut prendre des allures épidémiques. Elle peut en effet apparaître dans des localités indemnes depuis de longues années et causer de nombreuses victimes, par exemple pendant les travaux de l’isthme de Corinthe, ou en 1885 à Castiadas (Sardaigne). En général, la lièvre mélanurique n’est que rarement primitive, de l’avis de la plupart des 558 JO U R N A U X É TR A N G ER S . auteurs, mais accompagne ou suit d’ordinaire le paludisme. A la côte ouest d'Afrique on a remarqué qu’elle s’observe rarement pendant la première année de séjour, et que les étrangers sont plus exposés que les indigènes. Symptômes. — L’attaque de la fièvre mélanurique est ordinairement brusque; frisson violent, puis température élevée, ho à ho degrés 5; céphalalgie, rachialgie, soif intense, angoisse épigastrique. Dès le début, vomissements bilieux, quelquefois diarrhée, teinte jaune caractéristique de la peau et des sclérotiques. Le symptôme le plus remarquable est la couleur rouge noire de l’urine qui quelquefois est tout à fait noire. L’urine peut être complètement supprimée; dès lors le malade entre dans le collapsus et meurt. La durée de l’attaque est très variable, de quatre à six jours le plus souvent. Dans les formes graves la mort survient le 20ou 3 'jour. Lorsqu’il y a guérison, le malade est exposé à des rechutes, à des intervalles quelquefois considérables, des semaines, des mois ou des années. Les rechutes d’ailleurs, dit l’auteur, sont plus bénignes que la première atteinte. Il peut y avoir réinfection. L’urine est généralement très acide. Sa densité est le plus souvent au-dessus de la normale. Elle est albumineuse, et laisse déposer un sédiment rouge brun dans lequel on retrouve du pigment jaune amorphe, des tubuli, mais rarement des globules sanguins, qui peuvent cependant s’y trouver lorsqu'il y a congestion rénale intense ou néphrite concomitante. On attribuait autrefois la couleur de l’urine à la présence de la bile; mais ou sait aujourd’hui que la bile est absente ou ne se trouve dans l’urine qu’en quantité insignifiante. L’examen spectroscopique montre la présence de l’oxyhémoglobine. À l’examen du sang pendant l’accès, on voit les globules rouges en voie de rapide destruction; leur nombre tombe en moins de vingt- quatre heures au tiers du chiffre normal. Cette destruction est bientôt suivie d'une non moins rapide régénération des globules rouges. En même temps il y a leucocytose commençant avec l’accès et persistant un certain temps après. La bactériologie de la fièvre mélanurique est loin d’être fixée. Dans beaucoup de cas on a observé les parasites de la fièvre paludéenne, type estivo-automnal, surtout les formes en croissant. E. Plehn a décrit une variété de parasites plus petits, ovoïdes ne se pigmentant pas. Fisch, un organisme distinct; Manson, tout en admettant la nature paludéenne de la maladie, est d’avis que son parasite diffère de ceux JO U R N A U X É TR A N G ER S . 5 5 9 du paludisme déjà décrits. A. Plehn, étudiant /i3 cas de fièvre mélanurique au Cameroon, croit que la maladie est causée par un organisme spécial distinct de ceux qu’on rencontre dans le sang des paludéens ordinaires. Yersin, médecin des colonies, a trouvé un coccobacille dans l’urine des malades, et Bréaudat, retrouvant ce même organisme. l’a identifié avec le bact-coli. Anatomiepathologique. — A l'autopsie, les lésions observées sont généralement accompagnées par celles du paludisme : le foie, la rate les reins sont hypertrophiés; le foie est jaune brun: h la coupe on le voit parsemé de granules renfermant du pigment jaune. La vésicule biliaire contient beaucoup de bile. La rate est congestionnée; sa capsule est épaissie, son tissu est noirâtre, mou, renferme du pigment jaune. Les reins sont le siège d’une hyperémie intense. La substance corticale est jaune pâle, les pyramides sont de couleur brune, surtout à leur sommet. Il y a infiltration de leucocytes dans le parenchyme et l’épithélium des tubuli est généralement épaissi. Nature de la maladie. — L’auteur examine la question de savoir si la fièvre mélanurique est un symptôme du paludisme et rappelle que les auteurs ont soutenu cette théorie en se basant sur deux faits : i° la maladie se rencontre dans les régions à malaria, précédée par des atteintes de paludisme; a° on a trouvé le parasite de Laveran, en même temps que le pigment paludéen, dans le sang et les organes des malades atteints de fièvre mélanurique. Ces faits, importants à première vue, ne résistent pas à une critique approfondie. La fièvre mélanurique, en effet, n’est probablement liée à aucun des types de la malaria. Néanmoins, dans les régions où elle sévit le plus communément, on la trouve presque toujours associée à cette forme de paludisme qu’on a appelée fièvre estivo-automnale. A la côte ouest d’Afrique, où il y a tant de cas de fièvre mélanurique, on rencontre surtout cette forme de malaria, alors que les accès tierces ou quartes font presque défaut. Mais, d’un autre côté, on ne rencontre pas la fièvre mélanurique dans des régions où la lièvre estivo-automnale est, au contraire, très fréquente. Par suite, la distribution géographique de ces deux maladies ne se superpose pas absolument. Enfin, ces deux maladies sont d’une fréquence relativement variable dans les pays où elles coexistent, bien qu’elles soient favorisées par les mêmes conditions de sol, de température et d’humidité. La forme estivo-automnale de la malaria est caractérisée par l’absence de frisson (si remarquable dans les accès tierces ou quartes); 560 JOURNAUX ÉTRANGERS. et au contraire la fièvre mélanurique débute toujours par un violent frisson. D’autre part, il y a leucocytose dans la fièvre mélanurique, et jamais dans la malaria non compliquée. Enfin, comme l’avait, dit l’auteur, déjà remarqué Torti de Modène, qui diagnostiquait les fièvres d’après l’action de la quinine, la malaria cède à ce médicament qui est, dans la fièvre mélanurique, non seulement sans utilité, mais souvent dangereux. Dans la fièvre estivo-automnale, il y a une rapide destruction des globules qui peuvent descendre au tiers de leur chiffre normal, sans qu’il y ait jamais d’hémoglobinurie. Cela lient à ce que le parasite de Laveran transforme l’hémoglobine intraglobulaire en pigment noir qui s’élimine graduellement. Dans la fièvre mélanurique, au contraire, il n’y a pas de pigment noir; mais les globules rouges infectés sont rapidement désintégrés et éliminés probablement de la même manière que dans la transfusion du sang d’un animal dans le système circulatoire d’un animal d’espèce différente. Pour expliquer pourquoi la fièvre mélanurique se rencontre dans quelques régions où sévit la malaria et non dans d’autres tout aussi paludéennes, on a adopté l’influence spéciale du climat; mais, outre que, dans une même localité, on peut trouver les deux maladies, la distribution géographique de la fièvre mélanurique montre qu’elle peut exister dans des conditions climatériques très variables. Des malades atteints de fièvre mélanurique en Afrique peuvent avoir des rechutes en Europe de longs mois après leur retour, surtout en hiver. Si on a trouvé le parasite de la fièvre estivo-automnale dans le sang de malades atteints de fièvre mélanurique, cela ne prouve pas que ce parasite soit la cause de cette dernière maladie. Il est vrai que la fièvre mélanurique s’attaque d'ordinaire à ceux qui ont déjà eu des accès de fièvre estivo-automnale; mais on sait que les corps en croissant peuvent se trouver dans la circulation périphérique longtemps après la guérison ; il n’y a donc pas lieu de s’étonner si on les retrouve dans le sang des malades atteints de fièvre mélanurique. Enfin, des observations ont montré que les parasites de la malaria diminuent considérablement pendant les accès mélanuriques et que, dans nombre de cas, on n’a jamais vu le parasite de Laveran. On a dit que la mélanurie était toujours précédée par un accès grave de malaria. Mais on a souvent observé des accès de fièvre mélanurique peu après l’arrivée, sans atteinte préalable de malaria, qui ne suffit donc pas pour expliquer l’apparition de la fièvre mélanurique. On a donc cherché à expliquer autrement l’origine des accès mélanuriques et Tomaselli de Catane a émisle premier l’opinion que la JO U R N A U X É TR A N G ER S . 561 quinine est la cause de la fièvre mélanurique chez les personnes atteintes de fièvre estivo-automnale. C’est là une interprétation erronée de ce fait que l'administration de la quinine, même à petites doses, peut produire un accès mélanurique chez un malade qui a eu précédemment un premier accès et qui peut en souffrir encore d’une façon latente. Jamais la quinine, même à haute dose, ne produira de fièvre mélanurique chez un sujet bien portant, pas plus que chez ceux qui, paludéens, n’auront jamais eu de premier accès mélanurique. D’un autre côté, on a observé maintes fois la fièvre mélanurique chez des sujets qui n’avaient jamais pris de quinine et enfin des auteurs affirment avoir guéri des accès de fièvre mélanurique par de hautes doses de quinine. Y a-t-il idiosyncrasie particulière chez les paludéens, favorisant l’éclosion des accès mélanuriques après la quinine? Cette facile explication est inadmissible si l’on remarque que, dans les régions où règne la fièvre mélanurique. la quinine peut amener des accès chez les personnes ayant déjà eu cette maladie, mais que, dans les régions où la lièvre mélanurique n’existe pas, la quinine ne produit jamais celte maladie chez personne. En examinant les cas d'hémoglobinurie quinique, on peut toujours reconstituer ainsi l’histoire du patient: le malade a eu plusieurs atteintes de malaria, traitées avec succès par le quinine à dose ordinaire. Un jour, brusquement, après un accès, la fièvre mélanurique se manifeste, et la quinine parait aggraver les symptômes; puis la fièvre mélanurique disparait et dans la suite la quinine administrée contre les accès paludéens ne produit plus, même à haute dose, de nouvel accès mélanurique. La quinine n’est donc pas la cause de la fièvre mélanurique qui n’est ni un empoisonnement quinique, ni une malaria modifiée par des conditions climatériques spéciales. L’auteur pense que la fièvre mélanurique est liée étroitement à l’hémoglobinurie paroxystique des régions tempérées. Ces deux maladies sont impossibles à distinguer cliniquement et, d’après Wheaton, leur anatomie pathologique est identique. La seule différence entre ces deux maladies est la mortalité élevée, quoique variable, de la fièvre mélanurique, et pour ainsi dire nulle dans l’hémoglobinurie paroxystique. Cette parenté entre les deux maladies n’explique cependant pas la nature de la fièvre mélanurique. Les études faites sur l'hémoglobinurie du bœuf peuvent éclairer le sujet en discussion. Cette maladie a été surtout étudiée par Babès, Smith et Kilborn, Krogius et Von Hellens, Sanfelice et Loi, Celli et Dionisi et enfin par Koch qui ont montré que la cause est un ann. D’in o. colon*. — Oclobre-nov.-déc. 1898. I — 3 7 5 6 2 JO U RN A UX É TR A N G ER S . liématozoaire classé par Babès entre les bactéries et les protozoaires. Star- covici pense que l’hémoglobinurie du bœuf est produite par des types variables d’un parasite différant morphologiquement du pyrosoma bi- geminum décrit par Smith. On peut croire que, si le parasite de la lièvre mélanurique n’est pas identique à celui qui cause l'hémoglobinurie du bœuf, il appartient néanmoins au même groupe. Cette maladie du bœuf ressemble étroitement à la mélanurie de l’homme, s’observe dans les mêmes climats, dans les mêmes conditions saisonnières et présente les mêmes signes nécropsiques. Cette vue de l’auteur parait confirmée par la description donnée par E. Plehn du parasite qu’il a trouvé dans le sang d’individus atteints de fièvre mélanurique.

Citer ce document

MÉTIN, “MÉTIN. Journaux étrangers. Sur la fièvre bilieuse hémoglobinurique. Par le docteur Westerna Sambon. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 557-562,” RevColEurop, consulté le 3 mai 2024, https://revcoleurop.cnrs.fr/ark%3A/67375/2CJSn6VWKs6H.

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