KERMORGANT Alexandre. Variétés. De quelques coutumes des indigènes des Samoa et de Wallis qui tendent à disparaître. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 293-295

Identifiant

ahmc_1898_p_293_295
ark:/67375/2CJ4GnVCFM7B

Auteur

KERMORGANT Alexandre

Discipline

Médecine et hygiène coloniales

Type de données

Ressources textuelles

Langue du document

Français

Nom abrégé de la revue

Annales de médecine coloniale

Nom détaillé de la revue

Annales d'hygiène et de médecine coloniales

Editeur de la revue

Imprimerie nationale Octave Doin, place de l'Odéon, Paris

Date de parution

1898

Nombre de pages

3

Pathologie

amélie
abcès
plaie
écoulement
éléphantiasis

Licence

Licence ouverte - BIU Santé (Paris)

URI fascicule

https://www.nakala.fr/nakala/data/11280/a4a63bb7

URI document

https://api.nakala.fr/data/10.34847/nkl.d35cb8lq/2fd40ce3cca6eaade062d6b3245374c02695c1e8

Cle

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Fichier Texte

293 VARIÉTÉS.DE QUELQUES COUTUMES DES INDIGENES DES SAMOA ET DES WALLIS QUI TENDENT À DISPARAÎTRE. Les Samoa et les Wallis sont des groupes d'iles de l’Océanie très voisines l’une de l’autre; aussi les naturels de ces deux archipels sont-ils eu relations constantes pendant la belle, saison. Les indigènes des Waffis vou é volontiers visiter leurs voisins, cïabord pour satisfaire leurs gouts d’aventure, ensuite pour se faire tatouer. Les habitants des Samoa, moins enclins à l’émigration, vont surtout aux Wallis pour y exercer la médecine et la chirurgie. Aux Samoa, tous les indigènes sont tatoués et cette opération est pratiquée dès le jeune âge. Chez l’enfant, le tatouage consiste unique­ ment en un petit carré qui encadre l’ombilic. À mesure que l’enfant grandit, on ajoute de nouveaux dessins, de sorte qu’arrivé à l’âge adulte le tatouage représente un véritable caleçon commençant en arrière au tiers moyen de la colonne lombaire et descendant jusqu’aux genoux. Pour exécuter les différents dessins de ces tatouages, les naturels se servent d’une sorte de petit râteau dont les dents ne sont autre chose que des épines très acérées. On enfonce tout ou partie de ces pointes dans la peau et on barbouille les piqûres ainsi pratiquées avec une espèce d’encre faite de poussière de charbon de bois délayée dans 294 VARIÉTÉS. de l’eau et qui provient d’un arbre particulier. Cette pratique a causé souvent bien des décès; aussi la reine des Wallis, à l’instigation des missionnaires, a-t-elle depuis de longues années défendu le tatouage dans ses îles. C’est ce qui explique pourquoi les sujets de la reine Amélie, désireux de se parer de cet ornement, se rendaient chez leurs voisins des Samoa. Les naturels des Samoa ont pour habitude de pratiquer la circoncision chez les garçons, dès qu’ils ont atteint l’âge de quatre à cinq ans. Ils font d’abord, sur un des côtés du prépuce, une incision longitudinale qui va jusqu’au gland, puis ensuite, contournant le gland par une autre incision, ils résèquent complètement le prépuce. Une autre coutume qui tend à disparaître, mais qui existait encore il y a une trentaine d’années, est la suivante : Quand un chef, désirant se marier, avait fait choix de sa future compagne, le mariage n’était possible que quand cette dernière avait donné des preuves irrécusables de sa virginité. Un indigène était chargé de constater la présence de l’hymen, qu’il devait déchirer avec le doigt. L’union ne pouvait avoir lieu que si cette opération, faite en présence de naturels désignés à cet effet, était suivie d’un écoulement sanguin. L’art de la médecine se transmet aux Samoa de père en fils; il consiste surtout dans l’emploi d’herbes dont la famille seule a le secret. Ce sont les Samoa qui fournissaient autrefois des médecins aux Wallis. Ces médecins traitaient surtout les fractures et l'hydrocèle. Ils appliquaient aux fractures, après les avoir réduites, des bandages confectionnés avec des écorces d’arbres qui, servant d’attelles, immobilisaient suffisamment le membre. J’ai constaté qu’ils obtenaient des résultats que de plus habiles n’auraient pas désavoués, au moins pour les frac­ tures des os de l’avant-bras. Ils opéraient aussi l'hydrocèle, qui est très commune dans ces archipels, et voici quel était le procédé employé : la tumeur était incisée sur une certaine longueur au moyen d’un bambou ou d’un éclat de verre; quand le liquide s’était écoulé, on plaçait entre les lèvres de l’incision un petit os d’aile d’oiseau qui était enfoncé jusque dans la cavité vaginale pour servir de canule. Au bout de quelques jours celle canule improvisée était retirée ou tombait le plus souvent d’elle-même, puis la plaie se cicatrisait. Inutile de dire que le plus souvent le liquide se reforme, aussi les naturels qui ont atteint l’âge de trente ans recourent-ils rarement à une seconde opération semblable à la première. Le plus souvent, quand l’hydrocèle a de nouveau acquis un volume qui devient gênant, ils n’hésitent pas pour s’en débarrasser à faire VARIÉTÉS. 295 pratiquer l’ablation du testicule. Les hommes plus âgés font enlever du même coup les deux glandes séminifères. Cette castration pratiquée d’une façon tout à fait primitive a été souvent suivie d’accidents très sérieux et a même entraîné dans plusieurs cas la mort du patient. Malgré tous ces accidents, la cure radicale de l’hydrocèle continuait à être faite par ce procédé barbare, mais il faut ajouter que, si jeunes et vieux faisaient aussi facilement le sacrifice de leurs attributs virils, c’était d’abord pour se débarrasser d’une infirmité gênante, puis aussi pour se soustraire une /bis pour toutes aux exigences des opérateurs qui faisaient payer fort cher leurs cures. Loin de se contenter d’un salaire très rémunérateur, ils se livraient à une véritable exploitation de leurs clients. Ils s’installaient chez eux sous prétexte d’examiner souvent la tumeur, d’essayer de la faire disparaître sans recourir à l’incision, etc.; bref, c’étaient de véritables parasites qu’il fallait loger et nourrir, avant et après l’opération. Autrefois l’opérateur recevait comme honoraires des nattes, des lapas ou étoffes confectionnées dans le pays avec l’écorce du bourao, un fusil, une malle, un cochon ; mais, dans ces derniers temps, il fallait y ajouter un certain nombre de piastres. Une opération d’hydrocèle pouvait dans ces conditions revenir à i 5o francs à un indigène de la classe ordinaire; quand il s’agissait d’un chef, la cure se chiffrait immédiatement par une somme bien plus élevée. Les abcès étaient ouverts par ponctions au moyen d’un bambou ou d’un éclat de verre. Les elephantiasis sont traités par de longues scarifications ou par de nombreuses mouchetures. Enfin, avant l’arrivée des missionnaires, il existait dans le groupe d. s Wallis un usage barbare auquel la reine Amélie n’avait pas échappé. A la mort d’un parent ou d’un ami, les naturels se coupaient une ou deux plalanges du petit doigt. Aussi à une époque qui n’est pas encore très éloignée de nous (cinquante ans environ), les petits doigts manquaient à la majeure partie des indigènes. A. K e b .m o r u a n t .

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KERMORGANT Alexandre, “KERMORGANT Alexandre. Variétés. De quelques coutumes des indigènes des Samoa et de Wallis qui tendent à disparaître. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 293-295,” RevColEurop, consulté le 13 mai 2024, https://revcoleurop.cnrs.fr/ark%3A/67375/2CJ4GnVCFM7B.

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