HENRY. Variétés. Médecins annamites. Organisation du service médical indigène en Annam. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 156-158

Identifiant

ahmc_1898_p_156_158
ark:/67375/2CJ6gNmDhVv1

Auteur

HENRY

Personne

Discipline

Médecine et hygiène coloniales

Type de données

Ressources textuelles

Langue du document

Français

Nom abrégé de la revue

Annales de médecine coloniale

Nom détaillé de la revue

Annales d'hygiène et de médecine coloniales

Editeur de la revue

Imprimerie nationale Octave Doin, place de l'Odéon, Paris

Date de parution

1898

Nombre de pages

3

Pathologie

vaccine
fièvre
morphine
médicament
pouls
quinine
vaccin

Coordonnées géographiques

[10.82302,106.62965#Saïgon]

Licence

Licence ouverte - BIU Santé (Paris)

URI fascicule

https://www.nakala.fr/nakala/data/11280/a4a63bb7

URI document

https://www.nakala.fr/nakala/data/11280/bcfa5eb2

Cle

ahmc_1898_p_156_158

Fichier Texte

VARIÉTÉS.MÉDECINS ANNAMITES. ORGANISATION DU SERVICE MEDICAL INDIGENE EN ANNAM, p ar le Dr HENRY, MÉDECIN PRINCIPAL DES COLONIES. Les médecins annamites sont divisés en deux catégories : les médecins libres, qui exercent sans contrôle ni diplôme dans les villes et les villages, et les médecins du Gouvernement. Les premiers n’ont aucune hiérarchie. Ce sont le plus souvent des fils de médecins qui, ayant suivi la pratique et l’enseignement de leur père, s’intitulent médecins au bout d’un certain temps. Les seconds sont hiérarchisés et ont un mandarinat spécial au service de santé. Ils sont répartis selon leur grade et les nécessités du service dans les provinces de l’Empire. Ils ont à leur tête un médecin en chef, qui dirige une école, tient le contrôle des médecins et porte le titre de Directeur du service de santé. Ce directeur préside le Conseil d’hygiène et de salubrité publique, qui fonctionne aussi mal que possible et ne jouit d’aucune autorité. Ces médecins sont administrés par le Ministère de l’intérieur; ils portent le nom de Thay qui veut dire Maître. Docteur se dit Thaï/ Thuoc, maître des médicaments. A ce nom de Thay, vient s’ajouter le nom du grade dans le mandarinat médical. C’est ainsi que le médecin indigène attaché à l’hôpital annamite de Hué, dirigé par le médecin principal des colonies, promu au septième degré, 1re classe, porte le titre de Thay y vien y Pho. Ces nominations sont faites par le souverain, sur la proposition du Ministre de l’intérieur. Outre une lettre de nomination, on délivre à ces médecins une plaque d’ivoire sur laquelle sont inscrits, en VARIÉTÉS. 157 caractères chinois, leurs titres et leurs fonctions. Cette plaque se porte sur la poitrine. Les médecins du neuvième degré, 1er et 2me classe, sont considérés comme stagiaires et ne reçoivent aucune solde. Ce n’est qu’à partir du huitième degré qu’ils sont rétribués. Leur solde mensuelle minima est de h piastres (une ligature par jour). Ils ont en outre droit à une part proportionnelle dans les bénéfices provenant de la culture des rizières communales de leur village. Ils sont dispensés du service militaire et de la corvée. Les médecins annamites n’ont, au point de vue théorique, qu’une instruction tout à fait rudimentaire. On leur apprend quelques notions sur la situation des principaux viscères. Leur diagnostic, toujours incertain , est basé surtout sur l’état du pouls et de la langue, ainsi que sur la présence ou l’absence de fièvre. La percussion, l’auscultation et en général nos diverses méthodes d’exploration leur sont totalement inconnues. Ils connaissent assez bien leur botanique médicale, mais n’ont que des notions fort confuses sur la véritable action des plantes qu’ils emploient et sur les doses. Leur méthode est empirique, sans base et sans exactitude. On trouve cependant parmi eux des jeunes gens fort intelligents, qui arrivent à la suite d’une longue pratique à des résultats un peu moins mauvais que les autres. La grande majorité de ces praticiens connaît la quinine et l’emploie à tort et à travers ; avec le quinquina et le camphre, c’est à peu près le seul médicament qui ait leur confiance. Ils emploient également l’opium et la morphine. Beaucoup d’entre eux savent vacciner au moyen de la lancette, aussi n ’est-il pas difficile d’en recruter pour des missions de vaccine. A un moment donné, on a confié à une quarantaine d’entre eux des tubes de vaccin provenant de l’Institut de Saigon. Chacun d’eux recevait une quantité de tubes proportionnée au nombre présumé de vaccinations qu’il aurait à effectuer. Une pièce, visée par le résident supérieur, l’accréditait comme médecin vaccinateur près des autorités provinciales et une feuille typographiée, sur laquelle les maires apposaient leur cachet, servait à inscrire le nombre de sujets vaccinés. La rétribution de ces médecins est fixée à 5 cents par sujet vacciné avec succès et, comme ces honoraires sont prélevés sur la caisse muni­ cipale, les maires ne délient les cordons de la bourse qu’après avoir vérifié, avec grand soin, le nombre des succès. 158 REVUE DES JOURNAUX ÉTRANGERS. À leur retour à Hué, les médecins vaccinateurs présentaient leur feuille et demandaient de nouveaux tubes. En 1895, on a vacciné Aa,000 personnes; eu 1896, le chiffre des vaccinations s’est élevé à 53,000, dans les provinces du Sud et du Centre. 1 serait facile d’instituer à Hué une école de médecine; il suffirait pour cela d’améliorer un peu l'organisation actuelle de l’hôpital annamite. Une création de ce genre serait très bien accueillie par le Gouvernement annamite et répondrait au désir unanime des étudiants, qui suivraient les cours avec assiduité. On pourrait, y admettre d’une manière générale tout Annamite connaissant le français et, de préférence, les élèves sortant de l’école de français instituée à Hué au commencement de l’année 1897. Cette institution, dirigée par l’interprète Khà, a été très fréquentée dès les premiers jours par un grand nombre d’étudiants, la plupart fils de mandarins. La possession d’un certificat d’études délivré par le médecin principal des colonies, à la sortie de cette école de médecine, serait la condition sine qua non pour obtenir une place de médecin du Gouverne­ ment. On arriverait ainsi, au bout de peu d’années, à relever le niveau des connaissances médicales, au grand profit des populations et au grand honneur de la nation protectrice, qui y trouverait en outre l’avantage de pouvoir écouler certains produits pharmaceutiques actuellement inconnus des Annamites et qu’ils adopteraient très volontiers. On aurait ainsi eu mains un certain nombre d’agents sur lesquels le Protectorat pourrait beaucoup mieux compter qu’aujourd’hui et qui seraient fort utiles pour la propagation de la vaccine.

Citer ce document

HENRY, “HENRY. Variétés. Médecins annamites. Organisation du service médical indigène en Annam. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 156-158,” RevColEurop, consulté le 6 mai 2024, https://revcoleurop.cnrs.fr/ark%3A/67375/2CJ6gNmDhVv1.

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