GOUZIEN Paul. Journaux étrangers. Notes d'hygiène et de médecine sur l'État du Congo. C. Mense. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 566-571

Identifiant

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Auteur

GOUZIEN Paul

Discipline

Médecine et hygiène coloniales

Type de données

Ressources textuelles

Langue du document

Français

Nom abrégé de la revue

Annales de médecine coloniale

Nom détaillé de la revue

Annales d'hygiène et de médecine coloniales

Editeur de la revue

Imprimerie nationale Octave Doin, place de l'Odéon, Paris

Date de parution

1898

Nombre de pages

6

Pathologie

paludisme
fièvre
abcès
béribéri
eczéma
fièvre bilieuse hémoglobinurique
inflammation
lèpre
signe fonctionnel
somnolence
vomissement
anorexie
apathie
ataxie
cataracte
chancre mou
convulsion
céphalée
diarrhée
douleur
filariose
fièvre intermittente
fièvre jaune
fièvre légère
gastro-entérite aigüe
hémorroïde
hépatite chronique
insomnie
lichen
malaise
quinine
syphilis
séborrhée
éléphantiasis

Coordonnées géographiques

[-10,-55#Brésil]
[6,12.5#Cameroun]
[9.5,2.25#Bénin]
[9.5,2.25#Dahomey]

Licence

Licence ouverte - BIU Santé (Paris)

URI fascicule

https://www.nakala.fr/nakala/data/11280/a4a63bb7

URI document

https://api.nakala.fr/data/10.34847/nkl.d35cb8lq/16b8c903b8112c13debd02fa37a322ee22732b3f

Cle

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Fichier Texte

566 Notes d’hygiène et de médecine sur l’État du Congo. G. Mense. (Traduction du Dr Paul Gouzien.) Le Dr G. Mense dit avoir exercé, de 1880 à 1890, dans plusieurs contrées tropicales, et avoir fait un long séjour au Congo, entre le Cameroun et l’Est africain, avec résidence ordinaire à Léopoldville. Voici le résultat de ses observations : La maladie la plus fréquente des tropiques est la fièvre malarienne, qui n’épargne aucun Européen et se présente sous la forme légère ou la forme grave. La première se manifeste, dans 5o p. 100 au moins des cas, avec les symptômes classiques de la fièvre intermittente, tandis que, dans le reste des cas, elle se travestit plus ou moins complètement, ne laissant subsister, comme symptôme constant, que l’élévation thermique. Le frisson initial fait défaut; l’accès est parfois unique et disparait dans l’espace d’un jour ou d’une nuit. Les formes les plus graves, dites pernicieuses, liématuriques, ou mieux liémoglobinuriques, parurent plutôt rares, surtout chez les Européens(1). Yersin et Plehn ont soutenu avoir découvert, dans ces formes et dans ces contrées, le microbe de la malaria. L’auteur, n’ayant pas eu les moyens d’effectuer ces recherches, s’en remet aux déclarations de Plehn, qui paraît avoir bien étudié ledit microbe. Il est d’avis que la fièvre hémoglobinurique est de nature malarienne et qu’elle n’a aucune parenté, contrairement à l’opinion de quelques auteurs , avec la fièvre jaune. A l’appui de son dire, il faut remarquer que celte maladie naît sous la forme sporadique et non épidémique, quelle n’est jamais contagieuse et qu elle récidive facile- (1 Je n’ai pas observé un seul accès hématurique chez les noirs du Dahomey. Par contre, cette affection est assez fréquente chez les Européens qui résident au Bénin. (Dr Paul Gouzien.) JOURNAUX ÉTRANGERS. 5 ( 1 7 ment. Il exprime, en outre, l’opinion que le symptôme principal de la fièvre kémoglobiuurique, constitué par l’urine brune, noire pourpre ou rouge sombre, se rapporte à une maladie des reins, complication de la lièvre malarienne (I). 1 note, en effet, que cette maladie se manifeste seulement dans les localités où la malaria sévit avec intensité, et frappe spécialement les individus débilités par des accès de fièvre répétés. Le principal remède à cette maladie est la quinine à la dose de î gr. 5o à a grammes. L’auteur conseille, en outre, de surveiller continuellement le malade, en lui administrant fréquemment des toniques, en appliquant l’bydrotbérapie et en s’appliquant à prévenir l’arrêt des fonctions rénales. Pour combattre les efforts des vomissements, si fréquents en pareil cas, il conseille de faire boire le malade avec un tube en gomme; de cette manière, quand l’eau commence à s’écouler elle descend d’elle-même dans l’estomac sans le secours de la déglutition, dont le mouvement est plus que suffisant pour provoquer le vomissement. L’auteur soutient que l’usage modéré de l’alcool dans les climats tropicaux ne laisse pas d’être utile à l’organisme; il remarqua, en effet, que, lorsque par hasard cet aliment venait à faire défaut, il se voyait obligé d’administrer plus souvent des purgatifs, et observait, surtout chez les blancs, une recrudescence de malaise, se traduisant parle manque d’appétit, l’insomnie et une plus grande fréquence des accès de fièvre légère. Pour les colons qui viennent s’installer au Congo, il est de la première importance de choisir judicieusement l’emplacement de leur future habitation. 1 est de règle constante de soutenir que les maisons bâties sur des lieux élevés sont beaucoup plus salubres, dans les régions malariennes, que celles construites dans la plaine. Selon l’auteur, celte règle est sujette à de nombreuses exceptions et il cite les exemples suivants : A la station de Léopoldville, on avait construit un groupe de maisons à environ 70 mètres au-dessus du niveau du lac que forme le fleuve Congo avant de se transformer en cataracte. t't L’interprétation 1 e nous paraît pas exacte. La malaria altère profondément le sang; par suite de la décomposition des globules rouges, l’hémoglobine se déverse en grande quantité dans le sang; celte hémoglobine ne pouvant être tout entière transformée par le foie (bile), les reins sont forcés d’en éliminer une très grande quantité, ce qui peut altérer secondairement le filtre rénal. (Note de la R. italienne.) 568 JOURNAUX ÉTRANGERS. Les Européens qui occupaient ce poste élevé, dont le séjour était délicieux, à cause de son exposition à la brise de mer, soufflant régulièrement du Sud-Est, tombèrent malades en grand nombre et offrirent les cas les plus graves de fièvre bilieuse hémoglobinurique qu’il fut donné à l’auteur d’observer dans ces régions, alors que dans les habitations construites plus bas, et que leur position abritait dudit vent, on constata beaucoup moins de cas de malaria et des formes de celte affection beaucoup plus légères. Le même fait fut observé à Nord MaganzaQ qui avait été construite au faite d’une colline, et qui fournit, de toutes les stations du Congo, le plus fort appoint à la morbidité et à la lélhalité, si bien que ce poste dut être abandonné et la ville reconstruite près du fleuve. Les missions élevées d’Underhill et de Salaballa souffrirent pareillement. On fit murer les fenêtres et les portes du côté du vent; cela ne suffit point, et il fallut changer l’emplacement même des constructions. L’auteur attribue, en l’espèce, une importance majeure à l’étal du sol sur lequel reposent les habitations; ce sol, dans les stations incriminées, est poreux et traversé de trous innombrables, ouvrage des vers et des insectes, et dans ces sortes de ruches prospère, selon Mense, le microbe de la malaria. Que le terrain soit défoncé, qu’il soit inondé superficiellement, qu’un coup de vent survienne, c’en est assez pour multiplier et disséminer les germes de la malaria. Par contre, il est des régions sablonneuses, directement exposées aux ardeurs du soleil, comme la langue de terre qui, sous la forme d’une bande mince, commence à Sainl-Paul-de-Loanda et va en s’élargissant vers le Sud, et où la malaria est à peu près inconnue. La seconde maladie du Congo, par ordre d’importance, est la dysenterie, qui revêt la forme endémique et tend à se localiser dans des régions déterminées. Elle frappe spécialement ceux qui habitent les lieux humides où le sous-sol est infiltré d’eau. De fait, presque tous les Européens qui recoururent aux soins du Il Mense avaient séjourné dans certaines îles, sises au milieu du fleuve, à un endroit où son lit s’élargit sur un espace de quelques kilomètres. Durant son séjour à Léopoldville, un seul Européen de la ville même fut atteint de dysenterie; tous les autres malades venaient des régions équatoriales de Bolobo, de Bangala et des cascades de Stanley. Le catarrhe intestinal, qu’il soit léger ou grave, qu’il soit primitif ou consécutif à une affection du foie, prépare la voie à la dysenterie. JOURNAUX ÉTRANGERS. 569 L’auteur condamne, à ce propos, l'usage des boissons glacées comme prédisposant au catarrhe gastro-intestinal. Quand la dysenterie s’accompagnait d’une forte fièvre ( h1degrés) et de gonflement douloureux à la région du foie, il ne fallait point compter obtenir la guérison sur place : la nécessité s'imposait d’envoyer le malade dans les climats tempérés. Les Européens évacués dans ces conditions, et avec des moyens défectueux de transport, arrivaient à la côte dans un état des plus précaires, et pourtant la traversée en mer les raffermissait à tel point qu’il était difficile de s’imaginer qu’ils avaient été si gravement malades. La malaria, la dysenterie et les hépatites frappent aussi les noirs, mais beaucoup moins fréquemment que les Européens. Lu troisième groupe d’affections, qui rendent pénible le séjour de de l’homme dans ces régions, c’est celui des maladies cutanées, à savoir le lichen tropical, l’eczéma marginé, la séborrhée et la pulex ou sa rco p h y lin penetrans, formes morbides déjà bien étudiées. Ce dernier parasite, qui fut importé du Brésil en Afrique par les esclaves, se propage sans cesse par les caravanes d’ouvriers et les colonnes militaires, menaçant même de s’étendre à tout le continent. On sait que la femelle de cet insecte, une fois fécondée, pénètre dans les plis de la peau jusqu’à la couche molle du corps muqueux de Malpighi. Là, grâce à une prolifération innombrable d’œufs à l’intérieur de l’animal, il grossit jusqu’à atteindre le volume d’un pois et meurt. Agissant ensuite comme corps étranger, il produit un petit abcès, lequel finit par s’ouvrir à l’extérieur, en même temps que se répandent les œufs de l’animal. Ceux-ci exigent, pour se développer, chaleur et sécheresse; l’humidité tue les œufs, d’où la pratique suivie dans ces régions d’inonder le sol pour empêcher la multiplication de l’animal. D'habitude les colons, qui portent des chaussures en cuir épais ont les pieds indemnes de ces accidents. Parfois ces animalcules se cachent sous les plis de l’anus et provoquent chez l’individu qui en est porteur une sensation désagréable qui fait croire à la présence d’hémorroïdes. La dermatose, appelée crnw-craw, causée par une filaire très commune en ces régions, est très fréquente au Congo. La maladie cutanée la plus grave et la plus ancienne au Congo est la lèpre. L’auteur ne croit pas à la contagiosité de cette affection. Il admet à l’exemple de Ballz, de Tokio, que cette maladie exige, pour se développer, des conditions idiosyncrasiques, d’ailleurs encore inconnues. Parmi les maladies particulières à ce climat, et qui prédominent 570 JOURNAUX ÉTRANGERS. dans toute l’Afrique équatoriale, on doit signaler le polypapillome tropical (frambœsia), que l’auteur a traité avec succès au moyen d’une pâte formée de sous-nitrate de bismuth mélangé à de l’eau. Une maladie à noter, et qui frappe spécialement les animaux domestiques , c’est la scorbia des oreilles de la chèvre. Cette affection consiste dans l’obturation du conduit auditif externe de l’animal par une masse brune, comme feutrée, et composée de lamelles très épaisses; ce bouchon contient dans ses mailles des millions d’acares de la grosseur d’un infime grain de sable et de la forme de l’acare de la gale, ainsi que des œufs innombrables, reconnaissables seulement au microscope. Cette production morbide occupe tout le conduit auditif externe et arrive à tapisser la membrane du tympan. L’animal qui en est atteint devient sourd, cesse de manger et meurt. Quant à la cause même de cette mort, l’auteur n’est pas parvenu à la découvrir. Si l’affection est au début, on se trouvera bien de laver et de nettoyer l’oreille avec de l’eau phéniquée. L’anlcylostome duodenal cause de véritables désastres chez l’homme qui vit sous les tropiques. Les personnes qui en sont atteintes, tantôt se tordent sous l’effet de la douleur, tantôt absorbent avidement des matières indigestes. L’auteur a observé que l’administration de l’extrait de fougère mâle guérissait cette maladie. C’est à l’ankylostome, selon le Dr Meuse, qu’il faut attribuer la majeure partie des cas de diarrhée endémique, affection qui atteint tout spécialement les Européens embarqués sur les vapeurs qui naviguent le long du fleuve. L’auteur dit n’avoir jamais soigné aucun cas de béribéri au Congo. H semble pourtant résulter des articles de Dryepondt que cette maladie s’est développée plus tard chez les ouvriers qui travaillaient à la construction du chemin de fer du Congo (1). L'éléphantiasis est endémique dans tout l’immense bassin du Congo. Une maladie encore très obscure est la somnolence des noirs, qui frappe de préférence les sujets jeunes, et plus particulièrement les mâles de dix à vingt ans; elle est incurable, dure de trois ou quatre mois, et le malade meurt dans l’apathie la plus absolue ou dans un accès de convulsions. L’auteur ayant pu , dans un cas, faire à la dérobée l’autopsie des(*) (*) Le Béribéri s’observe un peu partout dans le territoire de l’État, sans être nulle part bien fréquent, dans les conditions ordinaires. 1 a fait d’épouvantables ravages parmi les travailleurs noirs du chemin de fer, surtout en 1891 et 189a. (Compte rendu du Congrès du Congo, 1897.) BULLETIN OFFICIEL. 571 indigènes, constata un gonflement très marqué des sinus cérébraux, de l’hyperhémie des méninges, l’absence d’hémorragie, tant dans la substance blanche que dans la grise, ainsi que l’absence d’abcès ou de foyers de ramollissement. Au cours de celte maladie, le D' Mense observa très fréquemment l’apparition de l’eczéma vésiculeux, pustuleux, impétigneux, et il en attribue la cause à la propreté plus que douteuse des malades, qui sont en état de somnolence continuelle, et dont la sensibilité cutanée est émoussée. Dans des cas de celte nature, il vit souvent apparaître, avec les premiers symptômes de sommeil et de céphalée, des phénomènes d’ataxie et d’incontinence vésicale. L’auteur signale comme très répandues, chez les indigènes, la blennorrhagie et la syphilis, dans ses formes les plus graves, ce qui tient à ce que celle-ci est négligée au point qu’on ne peut parfois la distinguer de la lèpre qu’au moyen du traitement spécifique, qui amende les accidents. Par contre, le chancre mou manquerait presque totalement dans ces régions. Ces courtes notes, extraites de la communication trop concise du Dr Mense, peuvent donner un aperçu d’ensemble de la morbidité dans la région du Congo et de quelques maladies exotiques dont l’étude est encore incomplète. Annali di medicine navale. (Bibliogr., janvier 1898.)

Citer ce document

GOUZIEN Paul, “GOUZIEN Paul. Journaux étrangers. Notes d'hygiène et de médecine sur l'État du Congo. C. Mense. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 566-571,” RevColEurop, consulté le 4 mai 2024, https://revcoleurop.cnrs.fr/ark%3A/67375/2CJm8GSwFgHt.

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