DREVON. Morbidité et mortalité du personnel militaire de la Guadeloupe pendant l'année 1897. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 361-368

Identifiant

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Auteur

DREVON

Personne

Discipline

Médecine et hygiène coloniales

Type de données

Ressources textuelles

Langue du document

Français

Nom abrégé de la revue

Annales de médecine coloniale

Nom détaillé de la revue

Annales d'hygiène et de médecine coloniales

Editeur de la revue

Imprimerie nationale Octave Doin, place de l'Odéon, Paris

Date de parution

1898

Nombre de pages

8

Pathologie

fièvre
fièvre jaune
accès pernicieux
grippe
maladie infectieuse
paludisme
diarrhée
dépression
désinfectant
endocardite bactérienne subaiguë
endémie
fièvre paratyphoïde
furonculose
hépatite chronique
inflammation
névralgie
plaie
syphilis
urémie

Licence

Licence ouverte - BIU Santé (Paris)

URI fascicule

https://www.nakala.fr/nakala/data/11280/a4a63bb7

URI document

https://api.nakala.fr/data/10.34847/nkl.d35cb8lq/17f8c9e6c96ca83804939e82c83984b13d6ca5b1

Cle

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Fichier Texte

361 MORBIDITÉ ET MORTALITÉ DU PERSONNEL MILITAIRE DE LA GUADELOUPE PENDANT L’ANNÉE 1897. E x tr a it du ra p p o rt a n n u e l d u D r DRE V O N , MÉDECIN PRINCIPAL DES COLONIES. L’année 1897 n’a présenté aucune particularité bien marquée au point de vue pathologique. Les diverses constitutions médicales qui ont régné sur la colonie durant cette période 362 DREVON. ont suivi les modifications cosmiques apportées par chaque saison: bilieuses, catarrhales et asthéniques pendant les périodes humides; congestives et excitantes durant les périodes de sécheresse. Pendant les mois de septembre et octobre, au moment des chaleurs accablantes de la fin de l’hivernage, qui ont coïncidé avec une période de sécheresse très marquée, nous avons eu à constater plusieurs cas d’amarillisme qui ont évolué plus ou moins franchement et cette inlluence locale s’est manifestée d’une façon plus ou moins accentuée, imprimant son cachet à la plupart des affections que nous avions en traitement. C’est ainsi que la plupart des accès de fièvre s’accompagnaient d’une céphalalgie et d’une rachialgie plus intenses, avec bords de la langue et gencives très hyperhémiés, avec de l’albumine dans les urines; puis la période de dépression consécutive était beaucoup plus accusée. Chez un gendarme, enlevé en quelques heures, à Basse-Terre, par un accès pernicieux, et sans que rien durant la maladie ait pu attirer là-dessus notre attention, nous avons trouvé à l’autopsie une vascularisation intense des parois de l’estomac, qui contenait une certaine quantité de sang extravasé. Fièvre typhoïde. — Cette affection est assez répandue dans la colonie et particulièrement à Basse-Terre, dont l’eau potable est loin de présenter toutes les conditions de pureté désirables. Le lieu de captation ne se trouve pas assez rapproché de la source, de sorte que celte eau a eu largement le temps de se souiller avant d’être recueillie dans les tuyaux de conduite. Ces manifestations typhiques coïncident généralement avec des périodes de sécheresse, à la fin desquelles l’eau des jarres, destinées dans chaque maison à recueillir la pluie, étant épuisée, on boit l’eau des conduites ou des ravines avoisinantes. Dysenterie. — Cette affection apparaît aux mêmes périodes et ses manifestations sont, la plupart du temps, très graves. Paludisme. — Cette endémie a motivé le quart environ des entrées dans nos établissements hospitaliers. La Grande-Terre, MORBIDITÉ ET MORTALITÉ. 363 par son sol plat sur lequel les eaux s’écoulent moins facilement, est un foyer plus actif que la Guadeloupe proprement dite, dont toutefois certaines localités (Pointe-Noire, VieuxHabitants, Deshaies, Bouillante. . .) sont réputées très malsaines. Les formes pernicieuses sont assez fréquentes; mais les formes cérébrales et délirantes prédominent; la bilieuse hématurique est relativement rare et ne se rencontre qu'à la GrandeTerre. 28 décès se sont produits dans nos hôpitaux : 8 chez des Européens, 20 chez des créoles. Ce chiffre annuel ne s’écarte pas trop des moyennes précédentes. A R T I L L E R I E D E M A R I N E . Le détachement d’artillerie de marine à l’effectif moyen de 3o hommes a donné pour 03 entrées dans nos hôpitaux un total de 782 journées de traitement. Le tableau ci-dessous indique ces mouvements en détail :EFFECTIF. ENTRÉES. JOURNÉESDÉCF.S.3o 63 : 783 2 :Épidémiques.. . î Épidémique. . . 1 Endémiques . . 8 Endémique.. . . 1 Sporadiques. . . 3 g Chirurgicales. . 8 Vénériennes. . . 13 Cutanées........ U To t a l 63 Tôt ai.......... a Deux décès se sont produits dans le courant de l’année, l’un à Basse-Terre, dû à un accès de fièvre jaune qui a enlevé le malade en quarante heures, l’autre au Camp-Jacob, des suites de fièvre bilieuse inflammatoire et urémie, chez un alcoolique invétéré, dont l'autopsie a fait constater un foie cirrhotique et une endocardite athéromateuse. Ce sont les deux seules affections graves que nous ayons eu à traiter. L’embarras gastrique 364 D R E VON. simple ou légèrement fébrile constitue presque à lui seul, pour ce détachement, le cadre des affections relevant de la clinique interne. Notons encore quelques diarrhées bilieuses et quelques accès de fièvre consécutifs à un séjour prolongé au soleil chez des hommes généralement déjà impaludés par un séjour colonial antérieur. La clinique externe ne nous a offert que quelques plaies aux pieds et quelques cas de furonculose. En résumé, si le nombre des malades de ce corps est relativement considérable, son état sanitaire n’a jamais été inquiétant. Le nombre des journées de traitement est un peu moindre que celui de l’année précédente ; mais ce chiffre encore excessif tient au service souvent pénible des conducteurs et des ouvriers, les premiers faisant de fréquents voyages à pied entre le CampJacob et Basse-Terre pour accompagner les voilures d’artillerie, et les seconds employés à des travaux fatigants, à la forge par exemple, dans un atelier mal protégé contre le soleil. I N F A N T E R I E DU M A R I N E .EFFECTIF. ENTRÉES. JOURNÉES DE TRAITEMENT.DÉCÈS.75 184 : 3,384 1 é p i d é m i q u e . Epidémiques.. 6 Endémiques. . 2 2 Sporadiques. . 87 Chirurgicales. 1 0 Vénériennes. . 52 Cutanées 7 T o t a l . . . i 8 i Sur le chiffre des entrées donné dans le tableau ci-dessus, les Européens figurent pour 135 et les indigènes pour 69. Au point de vue du chiffre de l’effectif, la moyenne annuelle des journées d’hôpital a été de A5 et demie par homme. 1 y a eu environ 900 journées de plus que l’année précédente; et ces MORBIDITÉ ET MORTALITÉ. 365 chiffres sont dus à la recrudescence endémique de fièvre jaune qui s’est produite pendant l’hivernage. Le typhus amaril est la seule affection pouvant être classée dans la catégorie des maladies épidémiques que nous ayons à relater. Deux premiers cas se sont déclarés presque simultanément, en janvier 1897, chez deux soldats, ordonnances d’officiers du détachement. Aucune cause n’a pu être incriminée; mais quelque temps avant, en fin 1896, quelques cas s’étaient produits à Basse-Terre; et récemment encore, le 3 janvier, un père du collège venait de succombera cette affection. Nouveau cas en mars; puis, la situation resta calme jusqu’en septembre, époque à laquelle deux planions, détachés pour l’entretien du local où loge le général inspecteur, furent gravement atteints; le premier succomba. Toutes les mesures de désinfection ont été appliquées à ce local. Enfin, un sergent fourrier fut atteint en dernier lieu de la même affection, dont il guérit, malgré la gravité des symptômes initiaux. Nous n’avons donc eu à déplorer qu’un seul décès sur six cas, ce qui semblerait indiquer une atténuation de virulence de l’agent infectieux qui n’en est pas moins cantonné au Camp Jacob à plus de 500 mètres d’altitude. 1 est fort probable que, si nos troupes européennes avaient été casernées au chef-lieu, il se serait produit un vrai désastre. Maladies endémiques et sporadiques. — Le paludisme s’est toujours présenté sous des formes atténuées; quelques cas de dysenterie ont été assez rapidement améliorés; les affections sporadiques ont été représentées par l'embarras gastrique et un certain nombre d’affections des voies respiratoires, sans gravité toutefois et dont la fréquence s’expliquait par une épidémie de grippe qui a sévi à la Guadeloupe pendant le dernier semestre. Les affections de ce groupe ont donné lieu à 91 entrées et 1,200 journées de traitement. Les maladies chirurgicales 1 e méritent aucune mention 366 DREVON. spéciale; quant aux affections vénériennes, elles ont donné lieu à E>a entrées, la plupart pour syphilis. Les visites sanitaires passées chaque semaine dans les casernements ne permettent que de constater le mal, et il est à regretter qu’aucune mesure prophylactique ne soit appliquée dans la colonie pour enrayer cette infection. En résumé, outre les raisons données précédemment, le grand nombre de malades traités peut être attribuée à l’épidémie de grippe signalée plus haut et à de nombreux travaux de débroussaillement qui ont été effectués. GENDARMERIE. La gendarmerie coloniale, dont l’effectif moyen est de 13 o hommes, a fourni 96 entrées avec 2,437 journées de traitement. Ces militaires ont à assurer un service des plus pénibles dans les points les plus malsains de la colonie et les affections endémiques (paludisme, dysenterie, hépatite ...) figurent pour plus des deux tiers dans les causes de leurs entrées à l’hôpital. Un seul décès à signaler à Basse-Terre, pour accès pernicieux. Il sérail à désirer que la période réglementaire de six années de séjour fût diminuée, cette période étant beaucoup trop longue pour des Européens ayant à assurer un service aussi fatigant; et il est à remarquer que c’est dans leur dernier temps de séjour que ces hommes sont le plus gravement touchés. Nous avons pu constater également que la brigade du CampJacob a fourni une proportion infime de malades, ce qui m’amène à formuler le vœu que l’effectif de ce détachement soit augmenté de façon à constituer un poste de repos et de changement d’air pour les gendarmes de la colonie, qui y passeraient à tour de rôle. COMMISSARIAT. Un seul Européen et a i créoles appartenant à ce corps ont MORBIDITÉ ET MORTALITÉ. 367 été en traitement, donnant lieu le premier à 5q journées, les autres à hi 3 journées d’hospitalisation. Un seul décès à signaler dans cette dernière catégorie, dû à une maladie sporadique. S E R V I C E D E S A N T É . Le service de santé des colonies figure pour 5 entrées d’Européens avec 7h journées d’hospitalisation. Les créoles ont eu 3 entrées et 17 journées seulement. Les marins de l’Etat figurent pour 917 journées de traitement comme Européens et 119 journées comme matelots créoles. TABLEAU COMPARATIF DES MOUVEMENTS DE MALADES DES TROUI DE L’ ANNÉE 1 8 9 7 AVEC LES TROIS ANNÉES PRÉCÉDENTES.Année i 8 g ù . ENTRE S. DÉCÈS. JOUH.NKBS. — — — Artillerie.............................................. A 3 // 576 Infanterie....................................... 1(ia 1 a .291 Gendarmerie....................................... 5fl // 1,676 Année i 8 g 5 . Artillerie.............................................. 9 1 II 739 Infanterie............................................ 1/ii) 1 2,356 Gendarmerie........................................ 66 a 1,762 Année i 8 gG. Artillerie.............................................. 7 » 11 1,109 Infanterie............................................ 158 3 2,16a Gendarmerie....................................... 76 n 1.796 Année i 8 g j . Artillerie............................................... (>3 a 782 Infanterie............................................ 186 1 3,386 Gendarmerie....................................... 9 e j 2,637P E R S O N N E L C O L O N I A L E T C O L O N S .Les administrations civiles qui ont donné le contingent le 368 KOCH. plus élevé de malades sont :1e service des douanes, avec 179 entrées et a,263 journées; le service des contributions, avec 101 entrées et 1,737 journées. Viennent ensuite l’instruction publique, les cultes. La fréquence des entrées est en rapport avec le service pénible que ces diverses administrations ont à assurer dans des postes malsains. Ce sont d’ailleurs les mêmes catégories qui ont fourni le plus grand nombre de décès. Il est très difficile à la Guadeloupe de se procurer dans les mairies des renseignements suffisamment précis sur la natalité et la léthalité des habitants. Les registres de l’état civil sont des plus incomplets. Dans les campagnes, des mortalités se produisent sans déclaration et l’inhumation se fait n’importe où. Le nombre des naissances naturelles est au moins de deux tiers plus considérable que celui des légitimes, et les parents se préoccupent très peu des obligations légales.

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DREVON, “DREVON. Morbidité et mortalité du personnel militaire de la Guadeloupe pendant l'année 1897. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 361-368,” RevColEurop, consulté le 6 mai 2024, https://revcoleurop.cnrs.fr/ark%3A/67375/2CJqmsMxWBwb.

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