BLIN. Cas de disproportion physiologique considérable du corps d'un foetus avec celui de sa mère. Naine de race hindoue mesurant seulement 1m,10 de taille. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 259-263

Identifiant

ahmc_1898_p_259_263
ark:/67375/2CJrXSczzKWK

Auteur

BLIN

Personne

Discipline

Médecine et hygiène coloniales

Type de données

Ressources textuelles

Langue du document

Français

Nom abrégé de la revue

Annales de médecine coloniale

Nom détaillé de la revue

Annales d'hygiène et de médecine coloniales

Editeur de la revue

Imprimerie nationale Octave Doin, place de l'Odéon, Paris

Date de parution

1898

Nombre de pages

5

Pathologie

chloroforme
constipation
lèpre
signe fonctionnel
œdème des membres inférieurs

Coordonnées géographiques

[11.93381,79.82979#Pondichéry]

Licence

Licence ouverte - BIU Santé (Paris)

URI fascicule

https://www.nakala.fr/nakala/data/11280/a4a63bb7

URI document

https://www.nakala.fr/nakala/data/11280/cc1b231f

Cle

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Fichier Texte

C A S D R D IS P R O P O R T IO N P H Y S IO L O G IQ U E . 2 5 9 CAS DE DISPROPORTION PHYSIOLOGIQUE C O N S I D É R A B L EDU CORPS D’UN FOETUS AVEC CELUI DE SA MÈRE. NAINE DE RACE HINDOUE MESURANT SEULEMENT l m, 1 0 DE TAILLE, p ar le Dr B L IN , MÉDECIN DE DEUXIEME CLASSE. Le 14 août 1897, entrait à l’hôpital colonial, pour y accoucher, une naine de race indoue, la femme Clicinguény arrivée au terme de sa grossesse. Portant une tète monstrueusement grosse, au visage bestial, sur un tronc trop robustement constitué et supporté lui-même par deux membres torses (à l’instar des bassets de meilleure race); présentant un ventre en forme de cône horizontal très étalé à sa base et qui très proéminent accentuait encore sa difformité générale, telle était à son entrée à la maternité la femme Cheinguéuy dont la taille ne dépassait pas un mètre dix centimètres (1 m. 10). Le portrait peu flatteur, mais fidèle, qui accompagne cette observation, complétera du reste notre description, tout en la renforçant. En 1888, M. le médecin principal Cassien, alors chef du service de santé, pour accoucher une première fois la nommée Cheinguény, après avoir reconnu les disproportions énormes qui existaient entre le volume considérable de la tête fœtale et les dimensions du bassin de celle qui réclamait ses soins, avait été obligé de sacrifier le fœtus pour sauver la mère et de pratiquer le décollement de la tête ainsi que la désarticulation des doux épaules du fœtus arrivé à terme. Cette leçon no profita malheureusement pas à notre cliente qui aurait dû cette fois se présenter à l’hôpital quelques mois plus tôt, alors que le volume de son fœtus aurait mieux cadréavec \es dimensions de son bassin rétréci dans tous ses dia­ mètres. Interrogée sur ses antécédents héréditaires, la femme Cheinguény nous apprit quelle n’avait jamais connu personne de son espèce dans sa famille dont chacun des membres au contraire était de taille élevée et de constitution robuste. Entrant plus avant dans la voie des confidences, elle nous avoua même qu’elle n’avait jamais été mariée et que les auteurs de ses deux grossesses avaient été des hommes de grande taille et de forte carrure, détails qui ne nous surprirent qu’à moitié, la loi des contrastes se rencontrant en tout dans la nature et assemblant souvent les êtres les plus disparates, étonné ce­ pendant que nous fûmes de l’aberration des individus qui au­ raient pu choisir mieux dans un pays comme l’lnde où les femmes de facile conquête sont si nombreuses. Réglée dès l’âge de 11 ans, elle était arrivée jusqu’à ce jour, c’est-à-dire à l’âge de 36 ans, sans jamais avoir eu à se plaindre d’aucun trouble ni d’aucun phénomène douloureux dans le fonctionnement de son appareil génital. C’était pour la seconde fois qu’elle était enceinte sans avoir eu non plus à enregistrer ni perte ni avortement. Quant à sa santé, elle était toujours demeurée excellente. Toutefois pendant sa dernière grossesse elle eut dès le 4° mois à souffrir de constipation opiniâtre qui l’empêchait de se rendre à la garde-robe des à , 5 ou 6 jours, phénomène rendu facilement explicable par le mouvement de bas- CAS DE DISPROPORTION PHYSIOLOGIQUE. 261 cule opéré par l’utérus dont le segment inférieur devait fortement comprimer le rectum. Les changements de rapports de l’utérus avec les organes du voisinage dont il vient d’être question nous donnent également la cause de l’œdème des membres inférieurs par suite de la compression des veines iliaques. Les douleurs lombaires très vives, paraît-il, que ressentit notre cliente dès le 5° mois de sa grossesse et dont elle se plaignit devant nous, devaient être dues au tiraillement considérable des ligaments utéro-sacrés. La même explication peut être donnée pour les tiraillements accusés du côté de l’hypogastre, les ligaments ronds fortement tendus devant s’appuyer contre le pourtour de l’anneau inguinal interne rendu ainsi très sensible. La mensuration des différents diamètres du bassin de la femme Cheinguény nous a donné les chiffres suivants : centimètres. D. sacro-pubien.............................................. 15 .76 Intervalle compris entre les deux épines iliaques antéro-supérieures................ . . . . ................ 3 t.5 o Intervalle compris entre les deux crêtes iliaques vers leur partie moyenne............................. 33 .75 D. Obliques............. 9 .35 D. Transverses.............................................. 10 .7 b D. Promonto sus-pubien................................ 8 .75 D. Coccy-sous-pubien.................................... 7 .50 Comme on le voit, les chiffres précités qui indiqueraient un bassin rétréci dans tous ses diamètres chez une femme de de taille moyenne s’harmonisaient au contraire parfaitement avec la taille de la nommée Cheinguény et n’indiquaient aucune malformation des différentes pièces osseuses de son bas­ sin, ce qui nous faisait supposer que son accouchement n’aurait pas manqué d’être très naturel sans l’exagération physiologique du volume de son fœtus. Pour ajouter à la difficulté du cas, nous avions affaire à une présentation de la face en mento-iliaque gauche antérieure. Pendant la période de dilatation qui fut très lente, les con­ tractions qui avaient été de courte durée et dont le nombre 262 BLIN. était allé en diminuant cessèrent totalement quand la dilatation devint complète, symptôme grave qui nous décida aussitôt à agir. C’est alors qu’ayant fait, mais sans résultat, trois applications de forceps, nous eûmes recours, le chloroforme ayant été administré au préalable à la parturiente, à la craniotomie d’abord, puisa la céphalotripsie. Grâce à ces deux interventions, il nous fut possible de ter­ miner au plus vite l’accouchement, après avoir cependant désarticulé les branches du céphalotribe à cause de l’angustie pelvienne qui, étant trop considérable, nous obligea à faire sur le bassin fœtal une nouvelle application du céphalotribe; vingt minutes après l’accouchement, la délivrance était terminée. Aussitôt après le dernier lavage, nous avons reconnu que le périnée était intact, mais qu’il existait sur le col une petite déchirure profonde et longue de i/a centimètre environ. Pour terminer, nous avons à donner les chiffres qui ont trait au poids et aux diamètres du fœtus : Poids............................................................... 2 .660 grammes. Longueur....................................................... 47 .50 centim. Pour le poids mentionné ci-dessus, abstraction a été faite de la substance cérébrale échappée du crâne par le trou du craniotome. Malgré les désordres commis par le craniotome et le céphalotribe, nous avons pu dresser le tableau suivant des différents diamètres approximatifs de la tête du fœtus, dont le poids et la taille se rapprochaient sensiblement de ceux d’un fœtus à terme normal, issu d’une femme normalement constituée : centimètres. I D. Sous-occipito bregrualique. 9.5o Diamètres \ D. Sous-occipito frontal 10 antéro-postérieurs, j D. Occipito-frontal. 11 \ D. Oceipito-menlonnier 12 .75 Diamètres ( D. lii-pariétal 9 transverses. | D. lii-lempor.il........................ 7 ..50 Diamètres j D. Fronto-mentonnier 8 verticaux. ( D. Tracliélo-bregmalique. . . . 9.25 LA LÈPRE. 263 Ce fœtus de sexe masculin ne présentait aucune difformité, aucune malformation et il n’existait entre les différentes régions de son corps aucune disproportion. Le parallèle entre les diamètres de sa tête et ceux du bassin de sa mère justifiait pleinement les interventions chirurgicales : applications de forceps, craniotomie et céphalolripsie pratiquées sur la personne do la naine Cheinguény. Le point particulièrement curieux dans le cas dont nous venons de parler, c’est la comparaison de la taille du fœtus avec celle de sa mère : Hauteur de la mère....................................... 1"’10 Longueur du fœtus........................................ 0 475 Ce qui fait pour le fœtus presque la moitié (moins i5 cent. 1/2) de la taille de la mère alors que normalement la taille d’un fœtus à terme est presque toujours inférieure au tiers de celle de la mère. Nous avons conservé dans l’alcool, au musée de l’hôpital colonial de Pondichéry, le cadavre du fœtus de la naine Cheinguény.

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BLIN, “BLIN. Cas de disproportion physiologique considérable du corps d'un foetus avec celui de sa mère. Naine de race hindoue mesurant seulement 1m,10 de taille. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 259-263,” RevColEurop, consulté le 29 avril 2024, https://revcoleurop.cnrs.fr/ark%3A/67375/2CJrXSczzKWK.

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