KERMORGANT Alexandre. Assistance publique aux colonies. I Considérations générales. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 244-258

Identifiant

ahmc_1898_p_244_258
ark:/67375/2CJzTPZ2KWv8

Auteur

KERMORGANT Alexandre

Discipline

Médecine et hygiène coloniales

Type de données

Ressources textuelles

Langue du document

Français

Nom abrégé de la revue

Annales de médecine coloniale

Nom détaillé de la revue

Annales d'hygiène et de médecine coloniales

Editeur de la revue

Imprimerie nationale Octave Doin, place de l'Odéon, Paris

Date de parution

1898

Nombre de pages

15

Pathologie

lèpre
variole
peste
vaccin
morsure
sérum antivenimeux
vaccine
peste bovine
peste bubonique

Coordonnées géographiques

[-1,15.5#Congo]
[-12.30856,49.27401#Diego Suarez]
[-12.83333,45.16667#Mayotte]
[-15.71667,46.31667#Majunga]
[-18.1492,49.40234#Toamasina]
[-18.91368,47.53613#Tananarive]
[-20,47#Madagascar]
[-21.1,55.6#La Réunion]
[-25,135#Australie]
[1.36667,103.8#Singapour]
[10.82302,106.62965#Saïgon]
[10.83333,-10.66667#Guinée Française]
[12.24507,109.19432#Nha Trang]
[13,105#Cambodge]
[14.5,-14.25#Sénégal]
[14.6042,120.9822#Manille]
[14.66667,-61#Martinique]
[14.6937,-17.44406#Dakar]
[15,108#Annam]
[16.25,-61.58333#Guadeloupe]
[18,105#Laos]
[18.2176,-67.8639#Antilles]
[2.5,112.5#Malaisie]
[21,96#Birmanie]
[22,105#Tonkin]
[22.27832,114.17469#Hong Kong]
[31.22222,121.45806#Shanghai]
[35,105#Chine]
[4,-53#Guyane Française]
[4.93333,-52.33333#Cayenne]
[8,-5.5#Côte d'Ivoire]
[9.5,2.25#Dahomey]

Licence

Licence ouverte - BIU Santé (Paris)

URI fascicule

https://www.nakala.fr/nakala/data/11280/a4a63bb7

URI document

https://api.nakala.fr/data/10.34847/nkl.d35cb8lq/54d1ddbc301c2cf457fea0c5c89ac0cbf91da213

Cle

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Fichier Texte

2 4 4 A S S I S T A N C E P U B L I Q U E AUX C O L O N IE S . ASSISTANCE PUBLIQUE AUX COLONIES.I C O N S I D É R A T I O N S G É N É R A L E S . Il appartient à l’Administration des colonies d’assurer, avec un soin jaloux et dans des concluions identiques, les secours médicaux-chirurgicaux au personnel qu’elle emploie dans nos possessions d’outre-mer, qu’il soit civil ou militaire. À ceux qui s’expatrient pour aller mettre en valeur notre domaine colonial, elle doit garantir qu’ils auront à leur portée, le cas échéant, des soins éclairés et au moins égaux à ceux qu’ils pourraient trouver dans la métropole. Mais là ne se borne pas son rôle : Au triple point de vue de la civilisation, de l’humanité, du développement de nos colonies, elle a le devoir non seulement de faire profiter les populations indigènes de tous les avantages résultant des progrès et des conquêtes de la science en matière d’hygiène, mais encore de les soustraire, autant que possible, aux endémo-épidémies qui les menacent et de les préserver contre l’importation des maladies qui sévissent dans les pays avec lesquels elles ont été mises en relation. Pour atteindre ces multiples résultats, le Ministre des colonies a créé un personnel médical spécial dont, outre la compétence et le dévouement, il exige une grande somme de connaissances particulières et sur lequel il conserve la haute main. Il l’adjoint aux gouverneurs, non dans le seul but de soigner les malades, mais aussi pour leur servir de conseil dans le règlement des questions d’hygiène et de police sanitaire. Il évite ainsi que l’intérêt des populations ne soit sacrifié, notamment dans les pays où les luttes de parti sont pour ainsi dire à l’état de permanence. Continuant son œuvre de protection, le Département a pris A S S IS T A N C E P U B L IQ U E AUX C O L O N IE S . 245 à sa charge les hôpitaux dits hôpitaux militaires et en a fait des hôpitaux coloniaux. Il en a ouvert largement les portes à ceux qui désirent y entrer : fonctionnaires européens ou indigènes, colons, femmes, enfants. En un mot, il a créé l’Assistance hospitalière pour tous ceux qui ne sont pas des natifs, exception faite parmi ces derniers, de ceux qui sont au service de l’État et de ceux qui peuvent se faire traiter à leurs frais. Afin de ne pas faire supporter à la métropole la totalité des dépenses qu’entraîne le fonctionnement de ce service, on fixe chaque année pour les malades autres que les militaires un prix de la journée d’hôpital, établi en faisant intervenir la supputation des frais généraux. On arrive ainsi à faire rembourser par le budget local et par les particuliers une partie des dépenses, l’État ne gardant en quelque sorte à sa charge que celles au titre militaire et une fraction de la solde du personnel médical utilisé. Par suite, il conserve h ce dernier l’indépendance indispensable pour régler certaines questions. Grâce à ce système, et tout en assurant aux fonctionnaires et aux colons un réel confort et des soins éclairés, l’Etat ne dé­ pense qu’une somme relativement faible, si l’on considère l’importance et l’étendue de nos possessions. C’est ainsi qu’à la Guadeloupe, par exemple, le fonctionne­ ment de tout le service médical, y compris les soins à donner aux militaires de la garnison, ne lui coûtent que 2 6,651 fr. 6o par an (20,699 fr. 60 pour le personnel et 5,952 francs pour le matériel). Dans les colonies qui possèdent des ressources suffisantes (Mayotte, Nossi-Bé, Dahomey, Congo, Côte d’ivoire, Guinée française), le Département fait aujourd’hui supporter tous les frais au budget local. Par contre, il lui prête son personnel, surveille les achats relatifs aux vivres, aux médicaments, au matériel, etc., contrôle les dépenses. De la sorte, il est certain que tout fonctionnera d’une manière aussi satisfaisante que par le passé. À côté de cette «Assistance hospitalière», que l’on pourrait presque appeler européenne et dont nos colonies n’ont pas eu à s’occuper individuellement, l’ayant trouvée tout installée par 246 A S S IS T A N C E PU B L IQ U E AUX C O L O N IE S . la métropole, chacune d’elles a créé, selon ses ressources, une assistance pour l’élément indigène (les natifs). C’est ainsi que, dans la plupart de nos anciennes possessions, il existe, en dehors des établissements communément dénommés «hôpitaux militaires», des hôpitaux-hospices, des léproseries, des asiles d’aliénés, des dispensaires, des ouvroirs, des crèches, des bureaux de bienfaisance. Les hospices n’admettent, en général, que les natifs indigents. Quelques-uns peuvent cependant recevoir d’autres catégories de malades; mais les personnes qui sont en mesure de payer préfèrent de beaucoup se faire traiter, maigre' la différence de prix, à l’hôpital colonial où ils sont sûrs de trouver le confort et les soins que ne sauraient leur procurer les hospices. Ceux-ci ne sont, en effet, que des établissements assez rudimentaires, aptes tout au plus, à remplir le but pour lequel ils ont été créés. On ne saurait songer un instant à y diriger un fonctionnaire, si modeste fût-il. Il faudrait pour cela les transformer entièrement, les reconstruire même pour la plupart et leur donner une organisation nouvelle. Le décret du 20 novembre 1882 ne contient d’ailleurs aucun détail sur leur mode de fonctionnement. Il dit simplement que des arrêtés du gouverneur, pris en conseil privé, font dans chaque colonie l’application des règles de comptabilité en usage en France au service des hospices et à celui des établissements de bienfaisance. Il y a donc dans nos possessions, comme dans toutes les colonies étrangères, deux organisations hospitalières parallèles qui se complètent et qui sont d’une absolue nécessité, l’une ne pouvant suppléer l’autre que dans des circonstances exceptionnelles. La question est de savoir si, le jour où l’élément militaire proprement dit est supprimé dans une colonie, le Département peut se désintéresser de la façon dont seront soignés ses fonctionnaires, ses gendarmes et les colons européens. En l’absence de médecins coloniaux, comment seraient résolues les questions d’hygiène et de police sanitaire ? A S S IS T A N C E PU B L IQ U E AUX C O L O N IE S . 2 47 N’est-il pas préférable, indispensable même, que le Département s’impose quelques sacrifices pour conserver la direction du service médical et, par-là, son indépendance locale? N’est-il pas à craindre que, le jour où l’on mettrait à la charge des budgets locaux la totalité des frais, les assemblées coloniales ne refusent de les voter et ne les suppriment sans s’occuper de l’intérêt des populations. Malgré les protestations énergiques des habitants de Saint- Barthélemy et des Saintes, l’exemple récent de la suppression, par le conseil général de la Guadeloupe, des médecins coloniaux de ces iles, dont les soldes avaient été imputées au budget local, n’est-il pas de nature à corroborer ces craintes dans le cas où l’on viendrait à bouleverser un système qui a donné d’excellents résultats jusqu’ici, sans grever outre mesure le budget de la métropole W? Dans l’énumération qui va suivre des établissements d’assistance publique aux colonies, on trouvera l’indication des ressources qui les alimentent. Mais on ne saurait trop le répéter, il faut d’ores et déjà bien retenir ici que l’Administration des colonies s’est toujours préoccupée d’assurer avant tout, non seulement aux Européens, mais encore aux indigènes, les secours médicaux dont ils peuvent avoir besoin. À cet égard, les R ie n q u e p o u r a s s u re r le serv ic e s a n i t a i r e , d o n t l’im p o r ta n c e e s t c a p ita le a u x A n tille s , 3 m é d e c in s s o n t in d is p e n s a b le s à la G u a d e lo u p e : 1° Le d ir e c te u r d e la s a n t é ; 2° U n m é d e c in a r r a is o n n e u r à la B a s s e - T e r r e ; 3° U n m é d e c in a r r a is o n n e u r à la P o i n t e - à - P i t r e . L e p e r s o n n e l m é d ic a l d e c e tte co lo n ie c o m p re n d a c tu e lle m e n t : î m é d e c in p r in c ip a l q u i r e m p lit à la fo is le s fo n c tio n s d e c h e f d e s e r v ic e , d e m é d e c in c h e f d e l ’h ô p ita l d u C am p -J a c o b e t d e d ir e c te u r d e la s a n té ; 3 m é d e c in s d e i r° c las se c h a rg é s : l’u n d e s se rv ic e s e x té rie u rs e t d e la d i- ic c lio n d e l’a m b u la n c e à la B a s s e - T e r re ; l’a u t r e d e s fo n c tio n s d e m é d e c in - r é s id e n t à l’h ô p ita l d u C a m p - J a c o b ; le tr o is iè m e d e la d ir e c tio n d e l’a m b u ­ la n c e à la P o in te - à - P itr e . C e d e r n ie r e s t e n m êm e te m p s a g e n t p r in c ip a l d e la s a n té ; s m é d e c in s d e 2" c lasse a tta c h é s : l ’u n à l’a m b u la n c e d e la B a s s e - T e r re , l’a u tr e à c elle d e la P o in te - à - P itr e . T o u s le s d e u x so n t p r é p o s é s à l’a rr a is o n n e ­ m e n t d e s n a v ire s . D e p l u s , c e lu i d e la P o in te - à - P itr e e s t c h a rg é d e s s e rv ic e s e x té rie u rs . 2/t8 A S S IS T A N C E P U B L IQ U E AUX C O L O N IE S . premiers sont à l’abri de toute appréhension et les seconds sont l’objet d’une sollicitude constante de sa part. C’est ainsi qu’à Madagascar, au milieu même des soucis créés par l’insurrection générale de l’Imérina, on a immédiatement songé à procurer aux colons et aux indigènes tous les soins médicaux possibles. Dans toutes les localités, dans tous les postes où se trouvent des médecins, les uns et les autres sont traités et reçoivent les médicaments et objets de pansement qui leur sont nécessaires. A. Majunga, à Tamatave, à Tananarive, etc., des consultations gratuites sont données aux indigents dans les formations sanitaires. Un hôpital indigène, fondé dans la capitale de l’Emyrne, dirigé par des médecins coloniaux et jouissant d’un confort que beaucoup d’établissements de ce genre lui envieraient, admet tous les naturels du pays qui se présentent. De sorte que, si l’Assistance publique n’est pas, au point de vue administratif, organisée partout dans nos colonies comme elle l’est en France, on peut dire quelle y existe en fait et que, dans la plupart de nos possessions, elle donne des résultats meilleurs que ceux obtenus dans certaines régions de la métropole, bien qu’elle ne dispose pas des mêmes ressources que cette dernière. En France, en effet, l’Assistance publique est alimentée par des dons et des legs importants, par des sommes considérables provenant du pari mutuel, du droit des pauvres, etc.; aux colonies, nous n’avons rien de semblable, aussi les municipalités et la métropole sont-elles obligées de lui venir en aide pour assurer son fonctionnement. Il É t a b l i s s e m e n t s d ’ a s s i s t a n c e p u b l i q u e a u x c o l o n i e s . i° Martinique. Les Hospices civils de la colonie ont été fondés en i 85 o pour recevoir et soigner à la fois : i° Les indigents malades, les vieillards infirmes et sans ressources, les enfants trouvés et abandonnés; A S S IS T A N C E P U B L IQ U E AUX C O L O N IE S . 249 2° Les prisonniers malades, condamnés ou prévenus, les aliénés en état d’observation; 3° Les personnes qui demandent à y être traitées à leurs frais ainsi que les salariés de l’État, dans les localités où il n’existe pas d’hôpital militaire. L’administration de ces établissements est confiée à un conseil composé des maires des diverses communes de la circonscription hospitalière, du desservant de la paroisse et de trois habitants notables, sous la présidence permanente du maire de la commune où l’hospice est situé. Ils sont au nombre de six et distribués dans les localités suivantes : Fort-ile-France, Saint- Pierre, La Trinité, Saint-Esprit, Marin, Lorrain. Des Bureaux île bienfaisance sont annexés à ces hospices. Les Aliénés sont traités dans un établissement situé à Saint- Pierre. En dehors de ceux qui sont à la charge de la colonie, on y admet des pensionnaires aux frais de leur famille et au compte de la Guyane française. Il existe, en outre, à Fort-de-France un Ouvroir pour les jeunes filles, reconnu comme établissement d’utilité publique. On y reçoit gratuitement des orphelines et, moyennant une légère rétribution, les enfants que veulent y envoyer leurs parents. Les ressources de l’œuvre proviennent de dons et legs, de souscription des membres, de subventions accordées par les conseils généraux et municipaux, enfin des rétributions volontaires. Service sanitaire, assistance publique, dépenses relatives aux aliénés figurent au budget de 1897 pour une somme de 284,664fr.40 dont 81,000francs obligatoires et 2o 3,664 fr.40 facultatifs. 2° Guadeloupe. Les établissements d’assistance publique sont encore plus nombreux dans celle colonie qu’à la Martinique. Ils comprennent des hôpitaux-hospices municipaux et des hospices. En voici l’énumération : 1° Hospice Saint-Hyacinthe, à la Basse-Terre : Recettes = Dépenses : h 2,965 francs. a n n . d ’i i ï g . c o l o n . — A v ril-m a i - j u i n 1 8 0 8 . I — »7 250 A SS IS TA N C E P U B L IQ U E AUX C O L O N IE S . 2° Hôtel-Dieu, à la Pointe-à-Pitre : Recettes = Dépenses : 86,85o francs. 3° Hospice Sainte-Elisabeth, aux Abymes; 4° Hospice de la Capesterre; 6° Hospice du Grand-Bourg; 6° Hospice de Saint-Martin; 7° Hospice des aliénés, à Saint-Claude; 8° Hospice des lépreux, à la Désirade, créé en 1728 et con­ tenant 100 malades en moyenne. La Martinique y envoie ses lépreux. A citer encore ; L'Orphelinat de la Pointe-à-Pitre pouvant recevoir 29 pensionnaires de 2 à 12 ans et même des jeunes filles jusqu’à l’âge de 18 ans. La Crèche Sainte-Anatilde, également à la Pointe-à-Pitre, qui donne asile à h00 enfants. Les parents qui ne sont pas réputés indigents payent une redevance de 0 fr. o 5 par jour. Enfin des Bureaux de bienfaisance. 3° Réunion. Le budget local supporte : i ü Des dépenses obligatoires pour {'hospice des aliénés : 50,656 francs; 20 Des dépenses facultatives pour les hôpitaux civils : 10/1,171 francs. Outre ces établissements, la colonie possède une léproserie établie dans les hauteurs, qui contient i 5o lépreux, mais ce chiffre ne saurait donner une idée même approximative des cas de lèpre, car il y en a un très grand nombre dans la population. Il existait à la Réunion deux hôpitaux-hospices situés : l’un à ASSISTANCE PUBLIQUE AUX COLONIES. 251 Saint-Denis, l’autre à Saint-Paul. Ce dernier a été supprimé à la date du 1° janvier 1896. Le personnel des divers services locaux et municipaux, les colons et leurs familles ainsi que les natifs n’ont été soignés jusqu’à ce jour que dans les hôpitaux relevant exclusivement du service local ou des communes. D’après une moyenne établie pour les trois dernières années, le prix de la journée de traitement revenait dans ces établissements à : HÔPITAL de Saint-Paul, de Saint-Denis.,, , . 1 assimilés aux officiers. . . . G, 10 a,g8 ivlalaues | . _ . ( n o n a s s im ile s a u x o lu c ie rs . A,3 g 1 ,0 b C o n d a m n é s ......................................... 8 ,7 9 o ,38 On examine en ce moment s’il ne serait pas possible de faire traiter à l’hôpital militaire de Saint-Denis toutes les catégories de personnel, y compris les condamnés des deux sexes. Il suffirait, paraît-il, de dépenser 3,000 francs pour effectuer les aménagements nécessaires. L’État y trouverait son profit, mais la colonie n’aurait un avantage réel à abandonner l’hôpital communal de Saint-Denis et à faire soigner tous ses malades à l’hôpital militaire que si le prix de la journée de traitement pouvait y être abaissé de manière à se rapprocher de l’établissement civil. La question est à l’étude. 4° Guyane. Il existe à Cayenne un hôpital-hospice du Camp de Saint- Denis qui, aux termes d’un arrêté en date du 22 juin i 85o, ne devait être tout d’abord qu’un simple asile pour les vieil­ lards, les infirmes et les indigents, mais qui peut aussi recevoir les agents divers non assimilés aux officiers, ainsi que les habitants. ' En dehors de cet établissement, la colonie possède : i° La Léproserie de l’Acarouany; 20 L’Ouvroir de Sainte-Anne de Cayenne qui recueille les 2 5 2 ASSISTANCE PUBLIQUE AUX COLONIES. jeunes filles pauvres (33 élèves en moyenne). La caisse est alimentée par des souscriptions, des loteries et par le produit du travail des élèves; 3° Le Bureau de bienfaisance de Cayenne dont les recettes et les dépenses s’équilibrent, soit : 7,900 francs. 5° Sénégal. On trouve dans cette colonie : Un hospice civil, à Saint-Louis; Une infirmerie civile, à Corée; Des dispensaires, à Dakar, Rufisque, Thiès et JoaL1 est inscrit au budget local : P o u r l’h o sp ic e d e S a i n t - L o u i s ......................... P o u r l’in f irm e rie d e C o r é e .............................. L’ A ssistan ce p u b l i q u e , le s m e s u re s d ’h y g iè n e e t d e s a lu b rité s o n t a s s u ré e s p a r : i° d e s d é p e n s e s o b lig a to ir e s ........ 4 , o o o f ) a 0 d e s d é p e n s e s f a c u lta tiv e s ........ i 5 , 6 aG ) E n o u t r e , c h a c u n d e s s e rv ic e s r e la tif s a u x d is ­ p e n s a ir e s d e D a k a r, d e T h iè s e t d e J o a l r e ­ v ie n t à 1 ,9 6 0 f ra n c s , s o i t ........................... 9 t , 5 4 4 f 6 o ° 1 9 ,6 5 8 0 01 9 ,6 2 8 0 05 ,8 2 0 0 0 T o t a l ................................... i 3 6 , 4 5 o 6 0 6° Cochinchine. En Cochinchine, les Européens (fonctionnaires, colons, indigents) sont exclusivement traités dans les hôpitaux militaires de Saigon et de Mylho. Pour les indigènes, la colonie a fondé à Choquan un établissement d’une importance considérable qui fonctionne contint hôpital militaire en ce qui concerne les tirailleurs annamites e les marins indigènes de la flottille. Il reçoit en outre les prisonniers gravement malades des divers arrondissements et le indigents de toute la colonie. Un service pour les files publiques était autrefois annexé i cet établissement, il a été transporté près de Saigon. A S S IS T A N C E P U B L IQ U E AUX C O L O N IE S . 253 La municipalité de Cholon, dirigée par un administrateur, a créé et entretient un hôpital pour les populations annamite et chinoise de cette ville. Dans les environs de Saigon, à Phu-My (arrondissement de Gia-Dinh), les missions ont fondé un hospice pour les incurables, les vieillards, les lépreux et les malades indigents annamites. Cet établissement, assez important par le nombre élevé de ses pensionnaires, ne reçoit qu’une faible subvention de l’arrondissement de Gia-Dinh. Le service médical y est assuré, à titre gracieux, par un des médecins coloniaux de l’hôpital militaire. Dans plusieurs grands centres de la colonie, les missions ont également installé des établissements analogues au précédent et qui sont de la plus grande utilité. Le service y est fait par des religieuses dressées spécialement dans ce but et par les médecins coloniaux qui résident dans ces centres. Comme on le voit, l’assistance publique en Cochinchine, en dehors des hôpitaux de Cboquan et de Cholon, a été sur­ tout organisée par les missionnaires et par les sœurs avec le concours des médecins des colonies. Le budget local prévoit au chapitre XII, assistance publique, une somme de 123,50k piastres destinée à assurer les services des lazarets et de la vaccine et à fournir des subventions aux sages-femmes et au sanatorium de Yokohama............................ A celte liste déjà longue des établissements d’assistance publique dans nos principales colonies, il faut joindre les hôpitaux-hospices qui fonctionnent dans les possessions de moindre importance au point de vue du chiffre de la population, et qui sont aménagés, outillés et dirigés dans des conditions qui ne sauraient donner prise à la critique. Tels sont : L'Hôpital d’Hell-Ville, à Nossi-Bé; L'Hôpital de Dzaoudzi, à Mayotte. Dans l’un et dans l’autre, le service est assuré par un médecin des colonies, des religieuses et des infirmiers indigènes. Ces établissements, entretenus aux frais du budget local qui 254 A SS IS TA N C E P U B L IQ U E AUX C O L O N IE S . prend également à sa charge le personnel hospitalier, reçoivent les malades de toutes catégories (fonctionnaires, colons, natifs) et, à l’occasion, des marins de la station navale de l’Océan indien. Bien avant l’occupation de Madagascar, on avait songé aux intérêts de la population dans les principaux centres du littoral de la grande île africaine : un hospice civil, dirigé par un médecin des colonies, admettait et reçoit encore aujourd’hui les indigents de la ville d’Antsirane, les fonctionnaires et les colons trouvant à l’hôpital de Diégo-Suarez tous les soins désirables. De son côté, la municipalité de Tamatave avait fondé un hospice, peu confortable il faut bien le dire, mais apte à donner asile aux natifs pauvres. Depuis l’occupation de Madagascar, on a pris les mesures nécessaires pour procurer aux divers éléments de la population, sans distinction de couleur, tous les secours médicaux possibles, ainsi qu’il a été dit plus haut. Dans les localités de nos possessions où il n’y a pas d’établissements d’assistance publique, le service médical n’en est pas moins assuré partout où il existe des officiers du corps de santé colonial. Quelques-uns sont même détachés dans les régions éloignées des formations sanitaires, comme à Sainte- Mario de Madagascar par exemple, et ont pour mission de traiter tous ceux qui viennent à eux ou les appellent. Enfin, dès qu’une épidémie est signalée sur un point quel­ conque, on s’empresse, si les circonstances le permettent, d’y envoyer un médecin. 111 A U T R E S M O D E S D E L ’ A S S I S T A N C E P U B L I Q U E A U X C O L O N I E S . Il ne suffit pas, en effet, de procurer aux populations des secours médicaux; il faut par tous les moyens possibles, les soustraire aux endémo-épidémies qui les menacent et les pré­ server contre l’importation des maladies qui sévissent dans les pays avec lesquels elles ont été mises en relation. ASSISTANCE PUBLIQUE AUX COLONIES. 255 Parmi les affections les plus redoutables, la variole occupe, sans contredit, le premier rang. Ses ravages sont tels qu’en Cochinchine, par exemple, on ne rencontrait pas, à l'époque de la conquête, un seul indigène à peine sorti de l’enfance, qui ne portât sur son visage des traces plus ou moins pro­ fondes de petite vérole. D’où la déduction légitime qu’un nombre considérable de jeunes Annamites devaient succomber aux atteintes d’une maladie aussi meurtrière. Vaccination contre la variole. — On songea donc à faire profiter les indigènes des bienfaits dus à la découverte de Jenner et un médecin fut chargé spécialement des tournées dites de vaccine dans les arrondissements de notre colonie indo-chi­ noise. Jusqu’en 1890 la vaccination se faisait de bras à bras. Cette manière de procéder offrait de multiples inconvénients. Outre ceux qui résultaient de l’inoculation possible des maladies constitutionnelles, on avait à lutter contre la répugnance des parents qui ne prêtaient qu’à regret les enfants destinés à servir de vaccinifères et qui, comme tels, devaient être emmenés dans des provinces souvent éloignées de la leur. Pour obvier à ces difficultés, le Ministre des colonies fonda à Saigon un institut vaccinogène qui donna des résultats merveilleux le jour où on eut l’idée de recourir aux bullions pour obtenir la lymphe vaccinale. Le dernier rapport sur le fonctionnement de ce service montre que pendant l’année 1895 on a préparé, à l’aide de 25o bullions, 3o,ooo tubes de vaccin dont chacun peut servir à l’inoculation de ho personnes. Une grande partie de ces tubes a été distribuée dans les contrées les plus lointaines de l’Extrême-Orient, aussi bien dans nos possessions (Cochin­ chine, Annam, Tonkin, Mékong, Cambodge, Laos) qu’à l’étranger (Hong-Kong, Shanghaï, Singapore, Bangkok, Canton, Yunnam, Manille, etc.), ce qui, dans ce dernier cas, fut une source de profit pour le Trésor. On put même en envoyer dans nos colonies de la Réunion, de Mayotte, de Nossi-Bé, de Diégo-Suarez, d’Obock, qui se plaignaient des résultats négatifs- 256 ASSISTANCE PUBLIQUE AUX COLONIES. obtenus par l’emploi du vaccin provenant de la métropole. Celui de Saigon y donna de bons résultats. En Cochinchine et pendant cette année 1895 , il n’y eut pas moins de 182,153 individus vaccinés dont 1.16,îAA pour la première fois, avec 90 p. 100 de succès. Les médecins étrangers ont su apprécier le vaccin de Saigon à sa juste valeur, ainsi qu’en témoignent notamment les rapports officiels des docteurs anglais. Si l’on considère que l’accroissement de la population a été en Cochinchine seulement de A72,587 habitants dans ces onze dernières années (1), c’est-à-dire de près d’un quart, on ne saurait nier que la pratique des vaccinations dans ce pays est un mode d’assistance publique des plus efficaces. Aussi le Ministre des colonies n’a-t-il pas hésité à créer en 1897 un institut vaccinogène à Saint-Louis du Sénégal et à s’occuper de l’installation d’un établissement similaire à Tanana­ rive, capitale de notre nouvelle possession. La sollicitude du département s’est d’ailleurs étendue à toutes nos colonies, et il n’en est pas une qui ne reçoive régulièrement soit de la lymphe, soit de la pulpe vaccinale en vue de faire bénéficier les natifs de cet agent prophylactique. Pour ne parler que du Tonkin, le chiffre des vaccinations, de 1889 à 1892, ne dépassait pas 20,000 par année. Il s’éleva successivement en 1893 à........................................................... 90,000 189A à........................................................... 110,000 1895 à........................................................... 13o,ooo Vaccination contre la rage. — Après la variole, il est un fléau (la rage) qui, sans être aussi répandu, n’en est pas moins redoutable. En 1885 et dans les années précédentes, la Cochinchine comptait 1,7 9 0 , 2 2 6 âmes. Jamais ce chiffre 1’avait été dépassé. En 189 1 , c’est-à-dire quelques années après la pratique en grand des inoculations vaccinales, il était de 2 ,o3 â,4 5 3 . À la fin de l’année 1 8 9 6 , il y avait 2,26 3 , 8 1 3 habitants. ASSISTANCE PUBLIQUE AUX COLONIES. 257 Malgré les mesures énergiques employées par l’Administration pour enrayer le développement de cette cruelle maladie dans nos possessions indo-chinoises, les cas de rage y sont assez nombreux, au Tonkin principalement. Il en est de même dans les colonies voisines. Poursuivant son œuvre philanthropique, le département a fondé en 1890, à côté de l’Institut vaccinogène de Saigon, un Institut bactériologique. Les résultats obtenus par le traite­ ment préventif de la rage après morsure, suivant la méthode de Pasteur, y ont été si heureux que l’établissement de Saigon, bientôt renommé dans les possessions étrangères de l'Extrême- Orient et de la Malaisie, ne tarda pas à être fréquenté paries habitants, Européens ou indigènes, de Batavia, Singapore, Shanghaï, etc. Il en vint même de la Birmanie et de Vla- diwostock. Le Gouvernement hollandais, voulant nous imiter, a créé en 1895 un établissement semblable au nôtre à Batavia. La colonie du Sénégal a été dotée en 1897 d’un Institut antirabique analogue à celui de Saigon et celle de Madagascar ne tardera pas à bénéficier du même avantage. Vaccination contre la peste. — En 1894 , M. le médecin des colonies Yersin, envoyé en mission à Hong-Kong pour étudier la peste qui y sévissait, découvre le microbe de cette affection. 1 prépare un sérum avec lequel il obtint en Chine 23 guérisons sur 26 personnes traitées. Plus tard, pendant l’épidémie de la peste bubonique de Bombay, les résultats furent moins démonstratifs. La cause doit en être attribuée aux mauvaises conditions dans lesquelles se trouvait le docteur Yersin pour expérimenter sa méthode. Aussi le Ministre des colonies se fit-il un devoir de créer à Nha-Trang (Annam) un Institut bactériologique permettant de poursuivre les éludes commencées. Inutile de faire ressortir ici les immenses bienfaits que procurera avant peu, selon toutes probabilités, à l’Asie entière, la fondation de ce nouvel établissement. Si l’identité de l’agent pathogène de la peste humaine est la 258 ASSISTANCE PUBLIQUE AUX COLONIES. même que celui de la peste bovine, les populations ne seront pas seules à profiler de cette mesure, et il est à prévoir que l’agriculture, si éprouvée par moments du fait des épizooties qui règnent en Extrême-Orient sur les animaux de labour, bénéficiera, dans une large proportion, de la nouvelle application sérothérapique poursuivie par M. Yersin. Vaccination contre la morsure des serpents venimeux. — Les belles études de M. le médecin principal des colonies Cal­ mette, directeur de l’Institut Pasteur de Lille PI, ont permis d’obtenir un sérum antivenimeux contre les morsures des serpents, aussi fréquentes que dangereuses dans les pays tropicaux. Injecté en quantité suffisante aux personnes mordues par les différentes espèces de reptiles (cobra eapella, et trimeresurus de l’Asie, naja haje et cerastes d’Afrique, crotalus d’Amé­ rique, bothrops de la Martinique, pseudechis cl boplocepha- lus d’Australie, vipères d’Europe) le sérum empêche les effets du venin, si l’intoxication n’est pas arrivée à une période trop avancée. Toutes nos colonies de l’ancien et du nouveau monde sont pourvues de sérum antivenimeux que M. Calmette met gratuitement à leur disposition. Telles sont les améliorations que la sollicitude du Ministre des colonies, secondé par le dévouement et le travail des officiers du corps de santé de son département, a apportées, au point de vue de l’assistance publique, dans nos possessions d’outre-mer. Les nations étrangères ont su apprécier et utiliser les institutions nouvellement créées, institutions d’ordre essentielle­ ment humanitaire et qui ne peuvent qu’aider au développe­ ment de l’influence française. A. K e r m o r g a n t . (|) L’Académie de médecine vient de décerner le prix Barbier à M. le docteur Calmette en récompense des travaux qu’il a entrepris.

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KERMORGANT Alexandre, “KERMORGANT Alexandre. Assistance publique aux colonies. I Considérations générales. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 244-258,” RevColEurop, consulté le 16 mai 2024, https://revcoleurop.cnrs.fr/ark%3A/67375/2CJzTPZ2KWv8.

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