KERMORGANT Alexandre. Notes succinctes sur l'état sanitaire de nos colonies. Annales d'hygiène et de médecine coloniales (1898), p. 135-143

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KERMORGANT Alexandre

Médecine et hygiène coloniales

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Français

Annales de médecine coloniale

Annales d'hygiène et de médecine coloniales

Imprimerie nationale Octave Doin, place de l'Odéon, Paris

1898

9

variole

fièvre paratyphoïde

fièvre jaune

grippe

désinfectant

paludisme

béribéri

choléra

coqueluche

lèpre

scorbut

anthrax staphylococcique

cachexie

dengue

diarrhée

endémie

fièvre

inflammation

peste

peste bovine

rougeole

syphilis

[-1,15.5#Congo]

[-12.30856,49.27401#Diego Suarez]

[-12.83333,45.16667#Mayotte]

[-15.71667,46.31667#Majunga]

[-17.6486,-149.42951#Tahiti]

[-18.1492,49.40234#Toamasina]

[-18.91368,47.53613#Tananarive]

[-20,47#Madagascar]

[-21.1,55.6#La Réunion]

[-21.5,165.5#Nouvelle-Calédonie]

[10.82302,106.62965#Saïgon]

[11.93381,79.82979#Pondichéry]

[14.5,-14.25#Sénégal]

[14.66667,-61#Martinique]

[15,108#Annam]

[16.25,-61.58333#Guadeloupe]

[21.0245,105.84117#Hanoï]

[22,105#Tonkin]

[22,79#Inde]

[22.27832,114.17469#Hong Kong]

[4.93333,-52.33333#Cayenne]

[8,-5.5#Côte d'Ivoire]

[9.5,2.25#Dahomey]

[9.53795,-13.67729#Conakry]

Licence ouverte - BIU Santé (Paris)

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N O T E S S U C C I N C T E S . 1 3 5NOTES SUCCINCTES SUR L’ÉTAT SANITAIRE DE NOS COLONIES.MARTINIQUE. L’état de la santé publique s’est maintenu, en général, assez satisfaisant dans le cours du premier trimestre de cette année, sous l’influence des conditions météorologiques favorables de la saison fraîche. Il faut cependant signaler que, si aucune atteinte de fièvre jaune n’a été enregistrée dans la population civile, ni au chef- lieu, ni dans les autres points de la colonie, il n’en a pas été de même pour la garnison du fort Desaix qui a payé un tribut à l’endémo-épidémie. 6 cas ont été constatés pendant les mois de janvier et de février, 3 dans le premier mois, suivis d’un décès, et de deux guérisons. Un autre cas s’est produit en mars, sur un gendarme caserné au bourg du Vauclin, il a été suivi de décès. Dans les deux cas terminés par la guérison, l'affection est restée limitée à la première période de la maladie, c’est-à- dire à la phase inflammatoire et la convalescence a été relativement de courte durée. On a pu établir pour trois des atteintes de typhus amaril qu’elles avaient été contractées dans des locaux où des cas avaient déjà eu lieu l’année précédente. Toutes les mesures de désinfection ont été prises. Fièvre typhoïde. — Une recrudescence de fièvre typhoïde s’est produite à Fort-de-France en février. Elle s’était déjà manifestée par quelques cas sporadiques dans le cours des trois derniers mois de 1897. Deux soldats, un gendarme et un sous- officier d’infanterie de marine étaient en traitement à l’hôpital. En ville, on en comptait une quinzaine de cas. On attribue cette petite épidémie à la pollution des eaux distribuées à la ville 136 NOTES SUCCINCTES. parle canal Gueydon, construit en 1856 et dont l’étanchéité laisse beaucoup à désirer. L’eau est captée à 8 kilomètres de la ville, dans la rivière dite Case-Navire; or, en amont du lieu de captage existent deux établissements : l’établissement, thermal d’Absalon, situé sur le bord même de la rivière, et le camp de Balata, qui n’en est distant que de 25o mètres. L’analyse de cette eau, pratiquée à l’institut Pasteur à Lille, y a fait constater la présence du bacille typhique et du bacterium coli. GUADELOUPE. L’état sanitaire est des plus satisfaisants; à l’exception d’un cas isolé de typhus amaril, suivi de guérison, qui s’est produit en janvier sur un sergent d’infanterie de marine, aucune maladie épidémique n’est à signaler. Toutes les mesures de désinfection ont été prises. Le foyer de quelques cas isolés de fièvre jaune constatés de temps à autre parmi les soldats du camp Jacob, n’ayant pu être découvert, on a détruit les dépendances du local destiné à loger le général inspecteur, dans lesquelles deux cas, dont un mortel, s’étaient déclarés en septembre et octobre. Une couche épaisse de sable mélangée par moitié avec de la poussière de charbon a été répandue dans les allées avoisinantes et le bâtiment principal a été désinfecté et repeint. Jusqu’à ces derniers temps, la colonie ne possédait qu’un seul lazaret, situé dans l’ile à Cabrits du groupe des Saintes. Il est confortable et suffisant, mais son éloignement des deux localités principales, Basse-Terre et la Pointe-à-Pitre, a obligé l’administration à en créer un second. Le lieu choisi est Pilot à Cosson, situé à l’entrée de la rade de la Pointe-à-Pitre. Il est éloigné de la ville de plus de 2 kilomètres. Ces terrains ont été clôturés et l’isolement y est assuré. GUYANE. La morbidité et la mortalité ont été normales en janvier et février; en mars, l’état sanitaire a été moins satisfaisant. On a NOTES SUCCINCTES. 137 observé, pendant le premier trimestre de la fièvre typhoïde, du scorbut et de la grippe. La fièvre typhoïde n’a occasionné qu’un décès, chez un transporté de Saint-Laurent. Il y a eu quelques cas de scorbut parmi le personnel des condamnés; il est actuellement en notable décroissance à Saint- Jean. La grippe, qui a régné surtout sur les pénitenciers, a été également constatée à Cayenne, où elle a sévi avec une certaine intensité, revêtant le plus souvent la forme thoracique. Elle a occasionné l’hospitalisation de neuf soldats. Il y en a eu égale­ ment dans la population civile, où les complications thoraciques ont causé quelques décès. Quelques cas de diarrhée et de dysenterie aux 1les du Salut. INDE. Une légère recrudescence de choléra et de variole a été observée à la lin de janvier, tant à Pondichéry que dans les communes rurales. Dans cette ville, trois cas de choléra, dont deux suivis de mort, ont eu lieu dans la population blanche; deux cas mor­ tels ont été également constatés dans la population mixte. L’épidémie semble diminuer depuis le commencement de février. La misère, la malpropreté et l’inobservance des règles hygiéniques dans la classe pauvre ne sont pas étrangères à la production et à la continuation de l’épidémie. La situation sanitaire des établissements secondaires est satisfaisante. ANNAM ET TONKIN. Aucune maladie à caractère épidémique ne sévit en ce moment dans celte colonie. Grâce aux mesures de surveillance prises dans nos ports et aux frontières, la peste, qui sévit à Hong-Kong et dans certaines provinces chinoises limitrophes du Haut-Tonkin, n’a pas été importée jusqu’ici sur notre territoire. 138 NOTES SUCCINCTES. L’élément militaire européen paye toujours un lourd tribut au paludisme sous toutes ses formes, surtout dans les hautes régions, où l’installation provisoire delà plupart, des postes et les difficultés de ravitaillement n’ont pas permis de donner jusqu’ici aux hommes, souvent surmenés, tout le confort désirable. Quant à la morbidité et à la mortalité assez élevées qui sévissent sur l’élément indigène à cette époque de l’année, elles sont dues surtout à des affections des voies respiratoires. La peste bovine sévit dans tout le Delta. Les provinces de Hanoi, Bac-Niuh, Thay-Nguyen, Bac-Giang,Nam-Di nh signalent des cas de plus en plus nombreux. Plusieurs troupeaux ont été entièrement détruits. Des mesures très sévères pour la déclaration de cette maladie, la destruction et l’enfouissement des animaux atteints, viennent d’être édictées. C0CH1NCH1NE. Janvier 1898. — L’état sanitaire de Saigon et des environs laisse un peu à désirer. De nombreux cas de variole sont signalés dans plusieurs arrondissements, à Cholen en particulier, sur l’élément indigène. On relève une mortalité de 5o p. 100. À Saigon, plusieurs Européens ont été atteints ( 11 cas, dont 1 décès). Toutes les mesures préventives et sanitaires sont prises pour éteindre le fléau. MADAGASCAR. A Tananarive, l’état de la santé publique est satisfaisant. Grâce aux mesures prophylactiques prises : isolement des malades, désinfection des locaux et vaccinations des indigènes, les quelques cas de variole qui s’étaient déclarés sont restés isolés. Dans le cercle de Miarinarivo et dans l’Ouest de l’Émerina, l’état sanitaire des habitants est bon. L’épidémie de variole qui sévissait depuis environ cinq mois dans le cercle de Tsiafaby NOTES SUCCINCTES. 139 est aujourd’hui terminée. Dans le Nord de l’Emyrne, l’état sanitaire de la population laisse beaucoup à désirer. Les habitants de cette région, qui se sont soumis les derniers, ont eu beaucoup à souffrir pendant la durée de l’insurrection. Un grand nombre d'entre eux meurent de cachexie palustre cl de misère physiologique. Sur la ligne d’étapes, les indigènes présentent actuellement de nombreux cas de lièvre. La population créole est surfont éprouvée par la fièvre et la dysenterie. ATamatave, l’état delà santé publique est médiocre; les maladies endémiques font toujours beaucoup de victimes parmi les créoles de la Réunion dont le plus grand nombre est sans ressources et vit dans des conditions hygiéniques fort défectueuses. Quelques cas de dengue et de coqueluche y ont été observés. Aucune maladie épidémique n’a régné à Diégo-Suarez. L’endémie palustre, par contre, a présenté une recrudescence du fait de la saison chaude et des alternatives de pluies et de chaleur. À Majunga, l’état sanitaire continue à se maintenir satisfaisant. L’état sanitaire du corps d’occupation est assez bon. En Emyrne, les nouveaux arrivés de France qui avaient été forte­ ment impaludés pendant leur trajet de Tamatave à Tananarive., se sont remis et presque tous ont repris leur service. Il y aurait grand intérêt à n’opérer, autant que possible, la relève, que pendant la bonne saison, afin de laisser aux nouveaux débarqués le temps de s’acclimater avant la mauvaise saison. MORBIDITÉ ET MORTALITÉ DES DIFFÉRENTS GROUPES MILITAIRES. En Emvrne, dans le Betsiléo et à Ambatondrazaka, c’est l’infanterie de marine qui présente la morbidité et la mortalité les plus élevées. Dans le cercle de Miarinarivo, les tirailleurs malgaches, composés en grande partie de soldats de racehova, résistent moins bien que les hommes de la Légion et les ti­ railleurs algériens qui occupent les postes de la même région. Ce fait est général; en effet les indigènes du plateau central 140 NOTES SUCCINCTES. supportent très difficilement le climat des côtes et payent un tribut très élevé au paludisme. Sur la ligne des étapes, les soldais du génie, plus exposés que les autres, par la nature de leurs travaux, fournissent un grand contingent de malades. La plupart d’entre eux doivent être rapatriés de bonne heure, car ils se rétablissent difficilement. RÉUNION. De nombreux cas de fièvre typhoïde sont signalés tant au chef-lieu que dans les autres localités. Le conseil d’hygiène s’est réuni en vue des mesures prophylactiques à prendre et a émis les vœux suivants : i° Doter la ville de Saint-Denis d’une canalisation nouvelle en tuyaux de fonte, la canalisation actuelle étant à ciel ouvert dans une grande étendue de son parcours, l’autre partie amenant l’eau par des tuyaux de poterie avec des regards ouverts sur les trottoirs, ce qui facilite la pollution des eaux de boisson. 2° Remplacer le système actuel des fosses à fond perdu par celui des tinettes mobiles et doter les quartiers pauvres de latrines municipales également à tinettes mobiles. Ces propositions ont été déjà formulées à diverses reprises, il serait urgent de les adopter, mais il est craindre que la solution proposée ne se fasse encore beaucoup attendre, les mesures d’hygiène étant toujours difficiles à faire accepter, aussi bien à la Réunion que partout ailleurs(1). La coqueluche sévit à l’état épidémique et a causé à elle seule 186 décès pendant le mois de mars. Le béribéri, observé d’abord dans la partie sous le Vent, n’a pas lardé à faire son apparition sur tout le littoral. Dans le mois de janvier, peu de communes de la côte ont échappé à cette affection qui a entraîné 6 décès en mars. Les propriétaires des établissements sucriers ont été avisés des mesures à prendre pour combattre cette maladie. Ceux qui Le Conseil général de la colonie vient de voter la somme nécessaire pour établir une canalisation à Saint-Denis. ( L a Rédaction.) NOTES SUCCINCTES. 141 l’ont pu, ont fait monter leurs malades sur les hauteurs, de manière à les placer dans des climats de moyenne altitude. Il leur a été aussi recommandé de varier le plus possible l’alimentation de leurs engagés et de donner à leurs malades un régime plus tonique, en y faisant entrer de la viande le plus souvent possible. Les établissements qui se sont conformés à ces prescriptions ont pu constater une amélioration dans l’état de leurs malades et n’ont plus eu à enregistrer de cas nouveaux. Le charbon bactéridien a été observé dans la commune de Saint-Paul et y est resté cantonné jusqu’à présent. MAYOTTE. Une épidémie de variole a sévi dans cette colonie pendant le quatrième trimestre 1897, dans la baie de Chiconi. Le premier cas s’est déclaré au mois d’octobre à Chiconi même, sur un indigène rentrant de la Mecque, qui avait séjourné quelques semaines à Zanzibar; la maladie fit des progrès rapides. Sur 200 habitants, 100 furent atteints et il y eut 40 décès. De ce foyer, l’épidémie se répandit dans les divers villages de la baie et y fit de nombreuses victimes. Au i cr janvier, on avait relevé 135 cas dont 45 décès. De nombreuses séances de vaccination ont été faites dans tous les centres, et aujourd’hui la maladie, sans être complètement enrayée, a sensiblement diminué. On ne constate plus que des cas isolés. NOUVELLE-CALÉDONIE. D’après les renseignements recueillis au chef-lieu, l’état sanitaire des postes militaires et pénitentiaires, aussi bien que celui de Nouméa, ne présente rien de particulier. Pas d’épidémie a signaler. La lèpre, toutefois, tend de plus en plus à envahir toute la colonie, et il est nécessaire de prendre des mesures sérieuses si l’on veut arrêter sa marche progressive. 14 2 NOTES SUCCINCTES.TAHITI. La syphilis et la lèpre sont pour ainsi dire les seules maladies qui sévissent dans cette colonie. Malheureusement il est difficile et même impossible d’isoler et d’interner les personnes atteintes de l’une ou de l’autre de ces affections, aussi les cas constatés sont-ils tous les jours de plus en plus nombreux. SAINT-PIERRE ET MIQUELON. Depuis le mois de décembre 1897, la rougeole existe à Saint-Pierre et dans les environs. De nombreux cas ont été constatés dans toute la ville, surtout chez les jeunes enfants. Cette maladie a présenté presque toujours, du côté de l’appareil broncho-pulmonaire, des complications qui ont occasionné plusieurs décès. Eu février 1898, plusieurs cas d’angine et de grippe ont été signalés; tous ont eu un caractère bénin. SÉNÉGAL. — GUINÉE FRANÇAISE. En dehors du paludisme, qui a sévi assez sérieusement sur toutes nos. troupes, et d’une épidémie de grippe aujourd’hui complètement éteinte, il n’y a rien de particulièrement intéressant à signaler dans la situation sanitaire du Sénégal, qui, à l’heure actuelle, est des plus satisfaisantes. Il en est de même de l’état sanitaire delà Guinée française. Les seuls malades traités à Conakry ont été des paludéens provenant de l’intérieur, et des affections de nature endémique. Les mêmes réflexions s’appliquent au Dahomey et à la Côte d’ivoire. CONGO. Le chef du service de santé ne signale rien d’anormal. L’épidémie de variole signalée dans la circonscription de N’Djolé, CLINIQUE D’OUTRE-MER. 1/i 3 au mois de décembre 1897 et janvier 1898 peut être regardée comme terminée. Le nouvel hôpital de Libreville a été inauguré le 8 janvier dernier. Les conditions d’hygiène et de confortable dans lesquelles se trouvent les malades sont excellentes. Le béribéri fait de nombreuses victimes parmi les prisonniers.